Mathématiques et culture scientifique : le CSEN préconise une nouvelle épreuve anticipée du baccalauréat “certifiante“ et calquée sur le modèle de “PIX“
Paru dans Scolaire le mardi 16 juillet 2024.
A quoi ressemblera la nouvelle épreuve anticipée du baccalauréat en fin de première générale et technologique dédiée aux mathématiques et à la culture scientifique, souhaitée par Gabriel Attal, alors ministre de l'Education nationale, pour l’année scolaire 2025-2026 ? Le Conseil scientifique de l'Education nationale (CSEN) fait valoir, dans sa dernière note tout juste publiée, ses propositions en la matière.
Pour chaque élève, il s'agirait donc via cette épreuve de pouvoir à la fois “situer son niveau de connaissance“, “mesurer la maîtrise de mathématiques utiles dans des situations de la vie courante“, et enfin se “confronter (..) à des problèmes nouveaux et variés, dont la résolution fait appel à la créativité autant qu’aux notions mathématiques enseignées, sans possibilité de bachotage ni d’utilisation de stratégies routinières.“
Trois objectifs menant à un quatrième : “réorienter, au moins en partie, l’enseignement des mathématiques en amont, afin de réconcilier certains élèves avec les mathématiques“. Cette épreuve pourrait en effet “créer un effet d’anticipation“, comme en Pologne où la modification de l’examen final “a eu un fort effet positif, en retour, sur le niveau en mathématiques des années qui précèdent.“
Car pour les membres du CSEN, “si de nombreux élèves abandonnent la filière maths, c’est parce qu’ils n’en perçoivent ni l’intérêt pratique pour leur futur métier, ni le plaisir intellectuel à se confronter avec le casse-tête que pose un problème nouveau“. Beaucoup voient également les mathématiques “comme une science fermée et ancienne, statique plutôt que dynamique“, ce qui “résulte souvent de la manière dont les mathématiques sont enseignées ainsi que de la nature même des contenus étudiés“. Ils jugent dès lors “important de ne pas créer un énième examen douloureux, mais une épreuve originale, conçue pour stimuler l’intelligence et la créativité, avec des problèmes intéressants, souvent en lien avec des questions qui ont joué un rôle important dans l’histoire des mathématiques.“
Histoire des mathématiques à laquelle le Conseil scientifique juge vital d'exposer les élèves, notamment pour leur “montrer que les mathématiques sont multiculturelles et évolutives“. Ils citent entre autres “René Descartes, qui a transformé les mathématiques pour toujours avec l’introduction de son plan cartésien (une vision qui lui est venue en rêve) en faisant converger le nombre et l’espace pour obtenir des équations algébriques de la géométrie.“
Et tandis que “la terminologie ‘culture mathématique et scientifique‘, parfois utilisée par le ministère, demande à être précisée“, est proposé “que chaque élève sorte du lycée avec une solide boite à outils mentaux, des concepts précis, efficaces et pratiques pour affronter le monde d’aujourd’hui et pour raisonner et argumenter avec logique et précision". La future épreuve porterait donc sur ces différents domaines d'outillage (tels que Algèbre et résolution d’équations, Mesures, Probabilités...), au travers de “problèmes concrets“ (lecture de données sur un diagramme, calculs de surfaces nécessaires à la construction d’un objet, etc.) et de “beaux problèmes mathématiques qui exigent créativité et insight“.
Afin de “ne pas renoncer à l’idée que tous les élèves soient confrontés au même examen, quel que soit leur parcours en mathématiques“, est préconisé que l'épreuve soit certifiante, avec “une hiérarchie de problèmes de difficulté très progressive, depuis le très facile, rapidement réussi par 90 % des élèves, jusqu’à des défis plus sérieux.“ Le résultat apparaîtrait sous forme de niveau de maîtrise, “éventuellement décliné en scores distincts pour chaque grand domaine des mathématiques“, d'autant que leur utilisation serait “susceptible de modérer l’image négative des mathématiques et de motiver de nombreux élèves à s’exercer, comme des sportifs, afin de s’améliorer.“
L'épreuve serait calquée sur celle de PIX, du fait que l'outil informatique, en quelques questions “cerne le niveau d’un élève et lui propose ensuite des problèmes à son niveau, ni décourageants, ni trop faciles. Derrière la façade, des algorithmes sophistiqués permettent de déterminer, pour chaque problème, son niveau de difficulté et, inversement, d’attribuer un niveau de maitrise fiable à chaque élève, de façon plus rapide, efficace et ludique qu’avec une épreuve standard sur papier.“
Pour le CSEN, l'épreuve serait dans l'idéal “intégralement réalisée sur ordinateur par tous les élèves“, un processus qui serait réalisable à l'horizon de septembre 2026, même si le cadre Pix “pourrait permettre de produire une épreuve sur papier de niveau bien contrôlé (tout en conservant l’avantage de permettre l’entrainement des élèves tout au long des années précédentes, et de certifier également quiconque le souhaite).“
La note du CSEN ici