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Parcours préparatoires au professorat des écoles : un succès, mais un coût qui en rend la généralisation difficile

Paru dans Scolaire le mardi 16 juillet 2024.

Le succès des cinquante PPPE désormais ouverts est le résultat de la mobilisation des acteurs qui ont surmonté de nombreuses difficultés, estiment les inspecteurs généraux auteurs d'une mission de suivi des "parcours préparatoires au professorat des écoles", mais la pérennisation du modèle, voire son extension "suppose d'en identifier les conditions dans le nouveau paysage visant à construire en France une véritable formation des professeurs des écoles dès le premier cycle universitaire".

Pour les auteurs, le succès que rencontre le parcours auprès des étudiants ne fait aucun doute. Les 50 PPPE offraient à la dernière rentrée 1 614 places, deux fois plus qu'en 2021, lors de leurs création et sur Parcoursup, on enregistrait quelque 22 700 candidatures, 4 000 de plus qu'en 2022 et 12 000 de plus qu'en 2021.

Les auteurs (autrices le plus souvent) font toutefois état d'un certain nombre de difficultés. "Dans la plupart des cas, les recteurs associent assez peu leurs services et corps d’inspection à la mise en œuvre et au suivi du ou des PPPE ouverts dans leur académie (...). Le peu d’engagement dans le dispositif des recteurs délégués à l'ESRI (à l'enseignement supérieur, ndlr) constitue une zone d’ombre pour le déploiement du dispositif." De même le DASEN est "rarement investi par le recteur du portage politique du dispositif". D'ailleurs les recteurs "ne semblent pas étendre leur réflexion sur l’ouverture des PPPE" au niveau de la région académique. La question de leur implantation se pose pourtant : dans un lycée prestigieux pour voir se côtoyer des publics socialement divers ? dans des établissements où règne déjà une plus grande mixité sociale ? dans des zones rurales pour les "vivifier" ?

Quels moyens ?

Le parcours doit être adossé à une licence, et "le plus souvent", le choix de cette licence "est le fait du président d’université (...). Dans la majorité des configurations, l’INSPÉ est peu impliqué dans la mise en œuvre des PPPE" dont la mise en place a contrarié "l’esprit qui a présidé à la création des IUFM, à leur transformation en ÉSPÉ puis en INSPÉ. C’est la raison pour laquelle des directeurs de ces instituts accueillent avec réserve le nouveau dispositif et peuvent craindre son élargissement."

Autre difficulté pointée par le rapport, la faiblesse des moyens et l'absence de transparence dans leur allocation. "Les moyens supplémentaires attribués aux académies au titre des PPPE ne leur ont pas été notifiés" et elles ont le sentiment d'assurer "sur leur budget propre l’essentiel du financement des PPPE". Les lycées reçoivent bien une dotation, mais elle est insuffisante et beaucoup de proviseurs "estiment que la situation actuelle n’est pas tenable sur le long terme" d'autant qu'il faudrait rémunérer "le travail parfois considérable de coordination avec l’université partenaire, la DSDEN et – le cas échéant – l’INSPÉ". De même les universités ont du mal à identifier, dans leur subvention globale, la part versée au titre du PPPE.

Quels enseignements ?

Avant la création du dispositif, "des universités s’étaient déjà engagées dans la voie de la création de licences pluridisciplinaires" mais ailleurs, le PPPE a été accueilli comme une aubaine", pour sauver une licence "en souffrance" grâce aux étudiants supplémentaires. "La mission constate que la mention 'sciences de l’éducation' a souvent été retenue par les universités." En ce qui concerne les licences disciplinaires, les étudiants jugent souvent leurs exigences "décalées par rapport au niveau d’enseignement qu’ils auront à assurer en tant que professeurs des écoles. Ce ressenti concerne surtout les licences de mathématiques."

"Les responsables sont confrontés à l’exercice délicat visant à allier un cahier des charges pluridisciplinaire pour la partie lycée, des objectifs de formation inhérents à la licence d’adossement parfois très spécifique et une dimension préprofessionnalisante qui est la motivation première des étudiants, le tout dans une organisation horaire contrainte."

Au lycée en effet, certains étudiants ne perçoivent pas la pertinence pour un futur professeur des écoles d'un enseignement de la philosophie. "Au regard des objectifs du concours de recrutement des professeurs des écoles (...), les contenus sont souvent jugés comme trop difficiles, inutiles, voire futiles (...). Certains étudiants s’épuisent et se démotivent." A l’université, les contenus des licences disciplinaires ne sont "pas particulièrement modifiés au titre d’une adaptation au public se destinant au professorat des écoles."

Quelle répartition entre lycée et université ?

Ces constats amènent les auteurs à "interroger" l’organisation du partage sur les trois années de licence, 75 % en lycée en L1, 50 % en L2 et 25 % en L3. Il vaudrait peut-être mieux "une répartition des enseignements équitablement partagée chaque année de licence entre lycée et université (50/50) ou une inversion de la progressivité entre lycée et université : une L3 à 75 % en lycée et à 25 % à l’université". La mission recommande d' "accorder aux responsables des PPPE la liberté complète de répartir sur l’ensemble des trois années du PPPE les enseignements délivrés par le lycée et par l’université".

Les stages organisés "dès la première année" ont des effets "spectaculaires" sur la motivation des étudiants, mais "leur préparation et leur exploitation pourraient être améliorées". C'est ainsi que "beaucoup de professeurs des écoles ont découvert l’existence du dispositif PPPE au moment où ils ont été sollicités pour accueillir un étudiant", les DASEN soulignent d'ailleurs l'importance de "l’investissement demandé aux professeurs des écoles, qui accueillent souvent aussi des stagiaires de M1 et M2 MEEF".

Les PPPE sont intéressants, mais trop coûteux

La mission fait une série de recommandations. L'attribution des moyens doit être "à la hauteur des besoins". "La structuration locale du dispositif nécessite de mettre autour de la table des acteurs multiples." L'offre de formation pour les bacheliers voulant devenir professeurs des écoles doit être simplifiée et les inspecteurs généraux proposent deux dispositifs parallèles : Une offre nouvelle de licence "professorat des écoles" à la condition que "ces parcours respectent un cahier des charges national suffisamment strict" ; des parcours adossés à une licence qui pourraient être des PPPE qui constituent une solution coûteuse mais intéressante.

Le rapport ici

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