Les élèves turcs privés de scolarité dans les établissements français d’Istanbul et d’Ankara
Paru dans Scolaire le vendredi 16 août 2024.
Le 12 juillet, l'ambassade de France à Ankara avait adressé un courrier aux parents d'élèves des lycées Pierre Loti (Istanbul) et Charles de Gaulle (Ankara), deux établissements du réseau de l'AEFE (l'agence pour l'enseignement français à l'étranger), pour les avertir que si un accord n'était pas trouvé sur le statut de ces établissements, ceux-ci ne pourraient plus admettre d'élèves de nationalité turque. L'ambassade ajoutait que le statut de ces deux établissements faisait l'objet de "d'échanges intenses" entre la France et la Turquie. Le gouvernement turc demanderait un rapprochement entre les programmes scolaires suivis par les établissements français et ceux suivis dans les écoles turques “pour quelques matières“ alors que la Turquie est en train de réformer ses programmes d'enseignement et de mettre l'accent sur les valeurs religieuses (voir ToutEduc ici).
Selon France 24 (ici), samedi 10 août, le ministre turc de l'Éducation, Yusuf Tekin, a annoncé que les discussions n'ayant pas abouti, ces établissements ne pourraient plus accueillir d'élèves turcs. La mesure concerne uniquement les nouveaux élèves. Toujours selon nos confrères, Ankara avait formulé "certaines demandes pour les citoyens turcs en France".
Jean-Michel Blanquer, alors qu'il était ministre de l'Éducation nationale, avait déclaré qu'il n'approuverait aucune implantation d'un établissement turc en France, considérant que le pays avait tourné le dos à la laïcité. Paris continue de refuser l'ouverture en France d'écoles par la fondation Maarif, la seule organisation "aujourd'hui habilitée à ouvrir des établissements dans un pays étranger au nom de la République de Turquie". Selon son site (ici), celle-ci "constitue la nouvelle initiative de la diplomatie culturelle turque dans le domaine de l’éducation" et elle "s’emploiera à former des Hommes vertueux mettant leur savoir au service de la paix et de la sérénité de l’Humanité", elle entend "réaliser des activités éducatives dans le monde entier en prenant en compte le patrimoine commun de l’Humanité et la tradition de sagesse de l’Anatolie". La fondation revendique 377 établissements dans 44 pays et selon des informations recueillies par ToutEduc, elle cherche actuellement à s'implanter ou à renforcer son implantation, notamment dans des pays musulmans.
Par ailleurs, le ministre turc de l'Éducation insiste sur "les cours de langue et de civilisation turques" pour les élèves de la diaspora en France. Rappelons qu'une réforme des ELCO (enseignement des langues et cultures d'origine) a été initiée par Najat Vallaud-Belkacem quand celle-ci était ministre de l'Education nationale. Ils ont été remplacés par des EILE (enseignements internationaux en langues étrangères), et les conventions passées avec les pays qui envoient des enseignants en France prévoient que l'administration française participe à leur sélection, qu'ils seront intégrés à l'équipe pédagogique et qu'ils pourront être inspectés ("leur action est placée sous la supervision du ministère français chargé de l'Education nationale"). Les discussions avec la Turquie ont été particulièrement longues et n'ont abouti qu'à l'été 2020 (ici).
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