Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Ecole de la deuxième chance : A Paris, une nouvelle antenne, et des profils qui évoluent

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 11 juillet 2024.

- Melvin : “Monsieur, j'ai pas reçu le mail !“

- Maxime : “Si si tu l'as, regarde ici.“

Ce premier jeudi de juillet, Melvin 17 ans, participe avec huit autres jeunes à un “atelier numérique“ organisé dans la nouvelle antenne parisienne de l'école de la deuxième chance (E2C), située dans le sud de la capitale.

Environnement

La structure, deux étages loués au syndicat Force Ouvrière dans le 13ème arrondissement, vient tout juste d'ouvrir ses portes, comme en témoignent divers cartons empilés dans un couloir ou autres banquettes encore emballées sous cellophane.

“Les jeunes se sentent bien car le site est neuf, bien équipé, à proximité“ assure d'ailleurs sa responsable Isabelle Villemot, ce que confirme Maxime, un des formateurs du centre de formation: “On s'aperçoit que beaucoup de jeunes ne bougent pas de leur environnement, ils restent près de leur lieu d'habitation, le fait d'avoir ouvert cette antenne permet de capter ces jeunes qui ne vont pas à l'école du Nord (dans le 19ème arrondissement, ndlr) parce que c'est trop loin pour eux.“

Une étude menée par le cabinet de conseil Wavestone a en effet permis de comptabiliser le nombre de décrocheurs sur la zone en question, autour de 6 500 jeunes sans emploi ni formation (NEET), précise Elodie Quatresous, qui gère le sourcing et la communication. L'objectif fixé est d'en accueillir 650 par an, même si pour l'instant ils ne sont que 40 (quatre groupes de 10 jeunes en moyenne) à avoir débuté leur cycle d'accompagnement. Il s'agit d'une “belle opportunité“ pour cette E2C, poursuit-elle, ce qui va cependant nécessiter de “se faire connaître, aller à la rencontre des jeunes, des conseillers et des associations de quartier“ au moins pendant la première année.

Projet individuel dans un collectif

Au total, 70 % des 16-25 ans (jusqu'à 30 pour les personnes en situation de handicap) suivis seraient envoyés par la Mission locale. A contrario, ce sont des recherches sur Internet qui ont conduit Melvin ici. Il explique à ToutEduc son arrêt de l'école en Terminale, n'ayant “plus la motivation de travailler en cours de manière générale. (..) C'est pas forcément les matières mais c'était plus le fait de venir et de travailler, de noter.“ Désormais, son “envie de reprendre“ s'accompagne de l'idée de se former au développement web.

“On travaille en équipe avec des groupes plus petits que les classes de l'Education nationale, fait valoir Maxime, qui possède quatre ans d'expérience en tant que formateur dans une autre E2C. On a plus de temps à leur consacrer, chaque stagiaire a un référent qui s'occupe principalement de lui, il est accompagné par une équipe qui est au courant de son projet, il peut nous solliciter à tout moment, on a des groupes WhatsApp sur nos téléphones, on peut discuter quand ils sont en stage, on est toujours en communication avec eux.“

Profil

Il constate en outre que le niveau des inscrits est aujourd'hui très hétérogène : “certains jeunes n'ont pas forcément besoin de beaucoup d'aide, ils ne restent pas longtemps, tandis que d'autres ont plus de freins comme des problèmes linguistiques pour accéder à la formation souhaitée ou l'emploi voulu." Selon lui, le profil des participants a évolué : “Avant, on ne prenait même pas des personnes qui avaient des diplômes, ils étaient déscolarisés depuis plus d'un an et on commençait à 18 ans. Là on a même des bacs +2 , le niveau a augmenté.“ De quoi évoquer la question de l'orientation pour des élèves “un peu perdus“, comme le suggère Elodie Quatresous : “Parcoursup a fait un petit peu de mal à un certain nombre de jeunes."

Face à ces difficultés, l'école de la deuxième chance parisienne, malgré son nom, adopte de nombreux codes de l'entreprise et agit en rapport étroit avec elles. Son réseau est constitué de 900 partenaires (Leroy Merlin, La Poste..) qui prennent des jeunes en stage, viennent “pitcher“ leurs offres et proposer des “job dating“, ou encore qui financent leur accompagnement via leur politique RSE. Résultat, l'E2C Paris revendique 72 % d'insertion (soit 10 points de plus par rapport à la moyenne nationale) à l'issue du parcours des jeunes, qui peut durer entre quatre mois et deux ans. “On voit que notre travail porte ses fruits, on a des belles sorties, des jeunes qui trouvent des formations en alternance ou des emplois“, se félicite ainsi Maxime.

Projets

Le réseau des E2C qui vient tout juste de fêter ses 20 ans, est actuellement en pleine expansion, comme le raconte Alexandre Schajer à ToutEduc (voir par ailleurs ici). Le directeur du réseau E2C a pour ambition de développer 60 à 70 nouveaux sites pour atteindre de façon égale les jeunes de tous les territoires. Il évoque également des réflexions en cours concernant les titulaires du bac très éloignés de l'emploi, les jeunes qui ratent leur 1ère année d'université et jusqu'aux bénéficiaires du RSA : “L'écosystème est en plein changement, estime-t-il. Nous pensons pouvoir être une partie de ces changements, mais également être des apporteurs d'idées.“ Parmi les expériences menées, l'implantation d'un “tiers-lieu“ E2C dans des lycées professionnels pour repérer les potentiels décrocheurs; leur proposer cette solution directement sur place apporterait “des résultats excellents“, mais requerrait “que les acteurs en aient les moyens“.

Le site de l'E2C Paris ici

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →