Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Les personnels de l'éducation nationale “sont loin d'être tous formés“ en matière de laïcité (SE-UNSA)

Paru dans Scolaire le mercredi 26 juin 2024.

“Il n'y a pas un lieu, pas une période de l'année qui épargne des personnels de potentielles atteintes à la laïcité“ déclarait mardi 25 juin Elisabeth Allain-Moreno lors d'une conférence de presse du SE-UNSA consacrée à la formation à la laïcité.

La secrétaire générale de l'organisation syndicale présentait une enquête réalisée entre février et mars auprès de 4 789 personnels de l'Education nationale : enseignants (majoritairement dans le 1er degré), AESH, AED, CPE.. qu'ils soient contractuels, titulaires expérimentés, néo-titulaires ou encore stagiaires. A noter que 15 % des répondants ont de 30 à 39 ans, 35 % de 40 à 49 ans et 44 % ont plus de 50 ans.

Premier constat, toutes les professions sont concernées par des difficultés en termes d'atteintes à la laïcité au cours de leur carrière. C'est le cas de près d'un enseignant sur deux, mais moins concernant les personnels contractuels (29 %), dont les AESH (21 %). En revanche, exercer en éducation prioritaire “accroît le risque“ puisque 52 % des personnels affirment y rencontrer des difficultés.

“Ils sont loin d'être tous formés“. Face à cette problématique, la réponse que peut apporter la formation reste “déficitaire“, constate Elisabeth Allain-Moreno, d'autant que les besoins en la matière évoluent très vite. Quelque 71 % des répondants disent ne pas avoir bénéficié de formation initiale avec du contenu sur le principe de laïcité. Ceci est dû au fait que la majorité d'entre eux sont des titulaires en milieu ou fin de carrière qui n’ont pas bénéficié de la formation à la laïcité mise en oeuvre à partir de 2021. Mais l'enquête révèle aussi que parmi ces personnels n'ayant pas reçu de formation à la laïcité en formation initiale, 72 % n'ont pas non plus bénéficié d'une formation à la laïcité au cours de leur carrière.

Parmi les répondants à cette enquête, 14 % sont des contractuels, dont 2/3 sont accompagnant pour élève en situation de handicap (AESH). Bien que 71 % d'entre eux déclarent ne pas avoir eu de formation à la laïcité, en revanche, 85 % estiment pouvoir être en capacité d'en définir le principe. Mais ils ne sont qu'entre 73 et 82 % à affirmer être capables de différencier les règles d'application du principe de laïcité selon les personnes et les lieux. Et si ce sont les personnels les moins formés à la laïcité sur l'ensemble de l'enquête, 69 % ne le souhaitent pas non plus. En effet, selon ls réponses qualitatives récoltées par le SE-UNSA, les contractuels demandent, de manière “assez claire“, que la formation soit davantage en lien avec leur métier, celle-ci étant souvent trop ciblée vers les enseignants alors qu'ils ont pour beaucoup des spécificités (comme le repérage de l'absentéisme pour les AED).

Les enseignants stagiaires et néo-titulaires ne représentent que 8 % des répondants. En 2021, la réforme du concours enseignant a entraîné une réforme de la formation initiale dont ils ont bénéficié. Au sein de ce cursus, 67 % des stagiaires et 69 % des néo-titulaires assurent avoir reçu une formation à la laïcité (certains de ces personnels pouvant être en stage ou en formation au moment de l'enquête). Mais ils ne sont qu'entre 61 et 74 % à estimer qu'elle leur permet de transmettre ce principe.

Si la formation initiale à la laïcité est jugée utile, “on a un délitement du contenu de la formation au détriment de la pédagogie, qui n'est pas suffisante pour les répondants“, considère Marie-Laure Tirelle, déléguée laïcité et secrétaire générale au CNAL, qui souligne “des besoins, et des modifications à faire“. D'ailleurs selon l'enquête, les personnels “indiquent que cette formation se noie dans toutes les autres“ et questionnent sa mise en œuvre (sur le temps de vie personnelle, en distanciel avec des webinaires, formateurs pas toujours au clair avec le principe, etc..).

D'autres différences sont soulignées entre les résultats en Ile-de-France, où 60 % des personnels ont reçu une formation initiale à la laïcité, et les départements ruraux (88 % la déclarent) ou ceux situés en Outre-mer (53 %). De quoi “interroger sur la formation dans les INSPE, et sur le fait que l'Education nationale ne peut pas avoir de regard, de contrôle sur la formation initiale“, poursuit-elle.

Cécile Suel, secrétaire nationale du SE-UNSA en charge des parcours professionnels, fait de son côté valoir un “besoin d'harmonisation“ de la formation à la laïcité entre les territoires mais aussi entre personnels de l'EN (par exemple il n'existe pas de cadrage national pour les contractuels). Pour l'organisation syndicale, il s'agit ainsi d'alerter et de trouver des solutions pour “ne pas tomber dans de l'irréversible“, car “si l'école dysfonctionne, les conséquences sont dramatiques“.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →