Législatives : les positions des organisations syndicales, des mouvements pédagogiques et des mouvements d'éducation populaire
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 25 juin 2024.
La majorité des mouvements pédagogiques, des organisations d'éducation populaire et des organisations syndicales du champ de l'éducation ont appelé à faire barrage au Rassemblement national, non sans quelques nuances. D'autres gardent le silence. Aucune n'appelle à voter pour Renaissance, ni pour le RN.
Une intersyndicale FSU, UNSA, CFDT EFRP, CGT Educ'action, Solidaires rappelle que les valeurs des signataires sont "à l’opposé" de celles de l’extrême-droite dont ils dénoncent la "vision réactionnaire et antirépublicaine de l’école", et la volonté de mettre "sous surveillance" les personnels et les pratiques pédagogiques, de "réserver la moitié du temps d’enseignement au français en primaire", de cibler "les populations défavorisées", de promouvoir le "privé confessionnel". Elle appelle à la mobilisation "dans l’unité syndicale" contre "l’extrême-droite et à ses idées", mais sans dire ce que serait un vote positif
Une intersyndicale de l'enseignement privé, FEP-CFDT, CGT Enseignement privé et SUNDEP Solidaires considère que "l’extrême-droite est un réel danger pour notre démocratie", et dénonce sa vision "passéiste, rétrograde, discriminante et excluante" de l'éducation versus "une École de la liberté, de l’égalité, de l’accueil et de l’émancipation de tous les élèves". Elle appelle à "faire barrage à l’extrême droite", mais sans évoquer un parti politique.
SUD Education appelle explicitement "à voter pour le programme du Nouveau Front Populaire". La fédération considère qu' "il y a urgence à faire bloc dans l’unité la plus large", non sans préciser qu'elle continuera "à lutter pour (ses) revendications en toute indépendance des partis, au-delà du programme du Nouveau Front populaire".
La FSU estime que "le danger est imminent et elle "appelle à voter dès le premier tour pour une véritable alternative de progrès et de justice sociale que l’on retrouve dans le programme du Nouveau Front Populaire". Elle ajoute aussitôt qu'elle "le fait en toute indépendance vis-à-vis des partis politiques". Le SNUIPP précise que soutenir le programme du Nouveau front populaire "ne constitue pas pour autant un blanc-seing". Le SNES ajoute qu' "une bonne partie des mesures Choc des savoirs s’inspire des mesures portées par le RN".
La CGT Educ'action titre sur deux urgences qu'elle place à l'égalité, "ne pas reconduire la macronie, empêcher l'arrivée du FN au pouvoir", mais ne cite pas explicitement le Nouveau front populaire. Elle "appelle les personnels à un sursaut et à se réunir, se mobiliser pour exiger la mise en œuvre de (leurs) revendications , se joindre aux manifestations."
La CFDT (SGEN) n'appelle pas à voter pour un parti, mais "pour que l'effondrement démocratique n'ait pas lieu" et "pour les droits des travailleuses et des travailleurs, pour l’égalité entre les femmes et les hommes, pour la solidarité inclusive, pour la démocratie sociale et pour l’émancipation des citoyennes et des citoyens".
L'UNSA éducation ne cite pas non plus le Nouveau front populaire, mais appelle à se mobiliser "tous les jours, pour le social et la démocratie et contre la haine et l’extrême droite", elle ajoute que leurs succès électoraux "en Europe comme en France" doit amener "les Humanistes et les Démocrates" à "se remettre en question et (à) s’organiser dans l’unité la plus large pour porter une autre espérance que celle des passions tristes et souvent haineuses".
La FNEC FP-FO n'est pas signataire de l'appel intersyndical, mais elle "ne saurait rester extérieure aux mobilisations actuelles" et elle appelle "tous les personnels de l’Enseignement, de la Culture et de la Formation professionnelle à participer aux prochaines manifestations appelées contre l’extrême droite, la politique de Macron et pour la satisfaction des revendications".
Le syndicat FO des personnels de direction (ID) "réaffirme son opposition à toute forme de racisme et de rejet de l’autre". Elle ne donnera "aucune consigne de vote" : "chacune et chacun est libre d’exercer sa citoyenneté comme il le souhaite en défense des valeurs républicaines et démocratiques."
Le SNETAA (le syndicat FO des lycées professionnels) se situe également dans l'implicite explicite. Dans son éditorial, approuvé à l'unanimité de son bureau national, Pascal Vivier évoque "la colère, la haine, le ressentiment" que suscite le président de la République" et les élèves qui, avec leurs parents, "ont intégré que la République sociale et démocratique ne parvient plus à leur promettre un avenir réussi", mais il rappelle les "valeurs cardinales" du SNETAA "qui supplantent toutes les autres revendications", l'humanisme, le refus du rejet de l'autre, la défense de la République sociale, la laïcité...
Le SNALC pour sa part, n'affiche rien, pas même implicitement, "ce serait anti-statutaire" précise à ToutEduc Jean-Rémi Girard, son président. Le SNCL n'a rien publié sur son site. C'est aussi le cas, du côté de l'enseignement privé sous contrat du SNEC-CFTC, tandis que le SPELC (enseignement privé) annonce qu'il ne s'associera pas "à des actions intersyndicales, ni à des rassemblements à connotation politique"
L'ANDEV, qui réunit les responsables "éducation" des collectivités, dénonce "la banalisation et la normalisation d’idées qui prônent la peur, le repli sur soi, la haine de l’autre et des différences" et elle "appelle à un sursaut démocratique et social". Le service public d’éducation, "mêlant éducation formelle et informelle (...) doit susciter auprès des jeunes générations une confiance en l’avenir, une promesse d’espoir."
La Ligue de l'enseignement appelle "à faire du barrage à l’extrême droite un combat inconditionnel" (voir ToutEduc ici), les quelque 70 organisations d’éducation populaire, rassemblées au sein du CNAJEP, "entendent plus que jamais continuer à lutter contre ces idées néfastes" et elles appellent "toutes et tous à se mobiliser partout, sur tous les territoires", mais sans donner de consigne de vote. C'est aussi le cas du collectif Convergence(s) pour l’Éducation Nouvelle, qui réunit la plupart des mouvements pédagogiques (voir ToutEduc ici)