Peut-on former les enseignants au bien-être, y compris le leur ? (journées du réseau des INSPE)
Paru dans Scolaire le vendredi 17 mai 2024.
Le bien-être, celui des élèves comme des enseignants, est-il vraiment une préoccupation partagée par tous les acteurs de l’éducation ? Et comment faire pour qu’elle le soit ? C’est à ces questions que cherchait à répondre le réseau des INSPE à l’occasion du "Printemps de la recherche en éducation", les 15 et 16 mai à Amiens. Pour Solange Ciavaldini-Cartaut (Université Côte d’azur et Université de Laval, Québec), les enseignants doivent avoir atteint pour s’en soucier une certaine "maturité professionnelle". Un néo-titulaire a comme premier souci de "gérer sa classe", de régler les problèmes de discipline et il pense d’abord “transmission“.
La chercheuse disposait d’un terrain d’études privilégié avec un collège de Saint Laurent du Var, dont le principal est totalement convaincu de l’importance du bien-être et a pu entraîner avec lui une partie de l’équipe. Mais, bien qu’ils en voient les bienfaits pour les élèves et pour leurs collègues, qui ont retrouvé le plaisir d’enseigner, et malgré un travail important sur la notion d’ "autorité exigeante et bienveillante", beaucoup font le “dos rond" et évitent de remettre en cause leur posture magistrale. Elle estime que cette question de bien-être, de bonheur à l’école, ne peut pas être posée en formation initiale, "une conférence sur l’empathie en M1 n’aura aucun effet sur les pratiques deux ans plus tard". Elle ne peut être posée qu’en formation continue et en réponse à la demande de personnels "qui ont besoin d’un second souffle". Ce changement de paradigme constitue pourtant "une urgence" si l’Education nationale veut être attractive, recruter des enseignants et "faire durer dans le métier".
A noter que le prix "Jacques Ginestié" (du nom de l’ancien directeur de l’ESPE de Marseille, qui a donné son identité au réseau des ESPE, puis des INSPE) est allé à Sarah Pariser pour sa thèse sur la lecture littéraire comme moyen de "renforcer la théorie de l’esprit et l’empathie des élèves". Les autres thèses présentées portaient sur les effets sur les enseignants de la violence à l’école (Rémy Cottez), sur la classe flexible "au service du bien-être enseignant" (Loïs Maunier), sur les limites de l’injonction à l’empathie (Marianne Peyrotte), sur le rôle de la danse en EPS lorsque l’approche didactique est "portée sur le bien-être" (Maxime Rimetz).
A noter encore que les personnels des INSPE que ToutEduc a rencontrés à Amiens sont dans l’expectative. Ils savent que les "instituts nationaux supérieur du professorat et de l’éducation" existeront encore l’année prochaine puisqu’il faudrait une loi pour défaire celles qui les ont créés, la loi Peillon pour les ESPE, la loi Blanquer qui en a surtout modifié le nom. Les maquettes des concours commencent à circuler, les projets de définition des contenus de formation durant les années de M1 et de M2 devraient être dévoilés de manière "imminente", sans date pour autant. Ils devraient être mis en oeuvre dès la rentrée de septembre.