En 2021 et 2022, le nombre de jeunes filles hospitalisées pour “geste auto-infligé“ a considérablement augmenté (DREES)
Paru dans Scolaire le vendredi 17 mai 2024.
Les taux annuels de patients hospitalisés à la suite d’un geste auto-infligé (tentatives de suicide et auto-agressions) ont très fortement augmenté chez les adolescentes et les jeunes femmes en 2021 et 2022, constate la DREES dans un note publiée jeudi 16 mai.
Par exemple, dans les établissements de soins somatiques (les MCO, pour "médecine, chirurgie et obstétrique"), 33 patients pour 100 000 habitants ont été recensés en 2022 parmi les garçons de 10 à 14 ans, contre 265 chez les filles du même âge, fait valoir le service statistique du ministère de la santé. Pour les filles de 15-19 ans, ce taux atteint même 527 patientes pour 100 000 habitants, avec un pic à 689 chez celles de 15 ans.
Dans les établissements spécialisés en psychiatrie, ces taux sont inférieurs, mais la variation est également très forte : 3 patients pour 100 000 habitants parmi les garçons de 10 à 14 ans versus 24 chez les filles, et jusqu'à 116 pour 100 000 chez les femmes de 15 à 19 ans (23 chez les garçons).
Pour les auteurs de la note, Jean-Baptiste Hazo, Philippe Pirard, Fabrice Jollant et Albert Vuagnat, “les récentes hausses d’effectifs et de taux de patientes âgées de 10 à 19 ans (..) en psychiatrie comme en MCO, inquiètent.“ Ils constatent que les taux d'hospitalisation ont atteint, en 2021 et 2022, des niveaux très élevés par rapport à la moyenne de 2010 à 2019 avec chez les filles de 10 à 14 ans +71 % en MCO et +246 % en psychiatrie, et pour les adolescentes de 15 à 19 ans +44 % en MCO et +163 % en psychiatrie. Selon eux, “la crise sanitaire pourrait avoir accéléré des tendances préexistantes, particulièrement en psychiatrie“, un secteur de soins où “le taux d’hospitalisations pour geste auto-infligé de la patientèle féminine âgée de 10 à 19 ans double entre 2012 et 2020 puis double de nouveau entre 2020 et 2022.“
À partir de 2021, les hausses des hospitalisations d’adolescentes et de jeunes femmes, soit les 10-24 ans, “concernent tous les grands groupes de mode opératoire“. Depuis 2014 les auto-intoxications médicamenteuses volontaires (IMV) constituent près des trois quarts des causes de ces hospitalisations ; elles ont augmenté de 40 % en 2021 et 2022 par rapport à la moyenne des années 2015 à 2019. Les lésions obtenues avec un objet tranchant (incluant les scarifications, non suicidaires) progressent de 64 % tandis que les gestes violents croissent, quant à eux, de 36 %.
Tous les types de communes sont concernés par cette hausse des hospitalisations d’adolescentes et de jeunes femmes pour geste auto-infligé. Si elle est généralisée au niveau territorial, d’importantes variations sont constatées selon les régions : la hausse moyenne des hospitalisations en 2021 et 2022 par rapport à la moyenne des années 2012 à 2019 varie de +16 % à La Réunion à +80 % en Occitanie. A noter que les évolutions sont négatives dans seulement cinq départements, et que la moitié d’entre eux voient les effectifs moyens d’adolescentes et de jeunes femmes augmenter de 40 % ou plus en 2021 et 2022 par rapport à la moyenne des années 2012 à 2019.