Au collège, les écarts sociaux entre public et privé toujours aussi hauts (DEPP)
Paru dans Scolaire le mardi 14 mai 2024.
Mesurer la composition sociale des établissements scolaires français permet de mettre en lumière la ségrégation sociale, l'accueil de populations “très différentes selon le milieu social“ étant “régulièrement décrit comme un facteur renforçant les inégalités scolaires“, considère la DEPP dans sa dernière note consacrée à la mixité sociale au collège.
Ainsi à la rentrée 2023, si la France compte 25,2 % d’enfants de milieu très favorisé (parents enseignants, cadres supérieurs, chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus..), quelque 7 % d'entre eux sont inscrits dans le dizième de collèges les plus défavorisés, tandis que près de 50 % sont scolarisés dans les 10 % de collèges les plus favorisés.
Or, “cette ségrégation est en partie liée à l’existence de deux secteurs d’enseignement, le secteur public et le secteur privé“, poursuit le service statistique du ministère de l'Education nationale, qui constate que les collèges privés sont “majoritairement choisis par des familles socialement favorisées“ : en septembre dernier 42,3 % des élèves du secteur privé sous contrat étaient de milieu social très favorisé contre 20,5 % dans le public.
Et cela ne va pas en s'arrangeant. En 1989, la proportion d’élèves entrants en sixième de milieu social très favorisé “était déjà supérieure de 11 points“ entre collèges privés et publics, un écart qui a par la suite “fortement augmenté à partir du début des années 2000, pour atteindre 20,6 points en 2023". De même, la proportion d’élèves d’origine sociale défavorisée s’est également creusée sur la période, l'écart entre collèges privés et publics passant de 18,6 points en 2003 à 21,3 points en 2023.
La DEPP constate malgré tout que “la ségrégation sociale entre collèges a relativement peu varié depuis 2014“, mais cette stabilité “masque des évolutions plus marquées“ au regard des secteurs publics et privés. En effet, après une période de stagnation, la ségrégation sociale baisse parmi les collèges publics depuis 2018, ce qui signifie qu'ils “tendent à être plus homogènes socialement“, ce qui est aussi le cas concernant les collèges privés. En revanche, et c'est là le point le plus saillant de cette note, en dix ans “les écarts de composition sociale entre secteurs public et privé se sont creusés, le secteur privé scolarisant de plus en plus d’élèves de milieu favorisé.“ A noter cependant une très légère baisse de l'indice d'entropie public/ privé entre 2022 et 2023.
Au niveau géographique, la ségrégation sociale est plus forte dans les départements les plus urbains, l’indice atteigant ses valeurs maximales dans les Hauts-de-Seine, à Paris et dans les Bouches-du-Rhône. Les écarts de composition sociale entre secteurs public et privé sont forts aussi bien des départements où le secteur privé scolarise une part importante d’élèves (comme Paris, le Nord et le Rhône), que d’autres où il est moins présent qu’en moyenne nationale (DROM, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne). Il s’agit en général de départements qui se caractérisent, soit par un fort degré d’inégalités économiques, soit par un taux de pauvreté important.
Entre 2014 et 2023 la ségrégation sociale a peu varié dans la moitié des départements, comme au plan national, en revanche elle a augmenté dans une vingtaine d'entre eux, plutôt situés dans la moitié sud de la France, avec une hausse marquée des écarts de composition sociale entre secteurs public et privé. Des différences qui “pourraient refléter des politiques plus ou moins actives en matière de mixité sociale, mais aussi des différences de positionnement du secteur privé, ou encore de contexte démographique.“
La note ici