Petite enfance : peu d'études sur les effets des écrans. Autisme : de nombreux aspects restent énigmatiques (ANAE)
Paru dans Petite enfance, Scolaire le mercredi 17 avril 2024.
"En 2021, la majorité des enfants de moins de trois ans étaient exposés aux écrans plus de six jours par semaine, entre trente minutes et trois heures par jour" constate dans l'éditorial du dernier numéro (188) de la revue ANAE* Edouard Gentaz. Le chercheur en psychologie du développement (U. de Genève et CNRS) constate par ailleurs que les recherches internationales portent souvent "sur la question des effets bénéfiques et délétères des jeux vidéo" sur les adolescents et les adultes, mais qu' "elles restent rares sur le développement de l'enfant". Il le déplore tout en notant que "les principaux résultats" de ces études "indiquent qu'une trop forte exposition aux écrans pourrait avoir un impact négatif sur le développement des capacités attentionnelles et langagières". Elles invitent néanmoins à la prudence "car de nombreux facteurs viennent modérer ces effets".
Au-delà de ces constats, le chercheur s'interroge, comment "accompagner les parents dans le souhait de réguler les usages de leurs enfants des écrans récréatifs comme des écrans sociaux (...). La tâche est ardue car, par exemple, la recommandation de non-usage des écrans pour les jeunes enfants est globalement très peu suivie d'effets." Il propose donc un programme fondé sur quatre types d'activités, lecture, activité physique, bricolage - jardinage - cuisine, jeu, à pratiquer avec les enfants selon quatre modalités, "faire faire", "faire avec", "donner à faire" et "laisser faire".
A noter que le dossier de ce numéro porte sur les TSA (troubles du spectre autistique) tels qu'ils sont appréhendés dans "de nombreuses régions du monde" et durant ces dernières décennies. Les auteur.e.s constatent que, "malgré l'augmentation considérable de la recherche au cours des dernières décennies, de nombreux aspects du TSA continuent d'être énigmatiques (...). Depuis son inclusion (...) dans le DSM-III** en 1980, nous avons vu l'autisme évoluer d'un trouble du développement étroit, rare, principalement masculin, discret et 'pur' à maintenant, dans le DSM-5-TR, être une forme étendue, commune, inclusive de tous les genres, de toute la durée de vie, dimensionnelle et complexe de neurodivergence."
* ANAE pour "Approche neuropsychologique des apprentissages chez l'enfant", le site ici
** Le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, en français, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux est publié par l'Association américaine de psychiatrie. La première édition date de 1952, la dernière, le DSM-5-TR de 2022.