Mixité sociale : l'enseignement catholique encourage les établissements à s'implanter dans des territoires ségrégués
Paru dans Scolaire le jeudi 11 avril 2024.
Accusé de contribuer au "séparatisme scolaire", l'enseignement catholique publie dans sa "newsletter" d'avril un compte-rendu des "rencontres des mixités" qu'il a organisées pour examiner les conditions de mise en oeuvre du protocole d’accord signé l'année dernière avec Pap Ndiaye. Quelques dizaines de responsables à divers niveaux se sont demandé, en ce qui concerne la modulation des tarifs, ce qu'ils pouvaient répondre aux craintes des OGEC qui redoutent que "leurs ressources baissent, que les familles refusent de donner des justificatifs de revenus, que les plus aisées s’en aillent" ou que cette modulation ne suscite une concurrence entre établissements ? Les experts de la fédération des organismes de gestion des établissements catholiques font valoir "que la mise en place d’une tarification différenciée augmente la contribution des familles d’environ 20 %".
Mais l'instauration de tarifs différenciés "doit aller de pair avec un effort de communication et de pédagogie des tutelles (congrégations et diocèses) et des établissements", estime le SGEC, qui indique que la plateforme prévue par l'accord pour afficher les données socio-économiques des établissements est actuellement accessible aux chefs d’établissement invités à remplir les données de l’année en cours : forfaits d'externat, aides reçues, contributions familiales, tarifs de cantine. "Cette saisie sera obligatoire à partir de la rentrée prochaine en vue d’un affichage public des données en janvier 2025."
Le SGEC encourage par ailleurs "une politique d’implantation volontariste au sein de territoires socialement ségrégués" de façon que l'école catholique "s’affranchi (sse) des déterminismes géographiques qui lui valent d’être accusée de pratiquer une sélection par l’argent". Les établissements peuvent d'ailleurs passer des "contrats d’objectifs et de moyens avec les collectivités locales, comme le permettent les lois de déconcentration de 2004 et de 2022".
La newletter illustre ce débat avec trois exemples de "nouveaux établissements plus mixtes" à Clichy (Hauts-de-Seine) dans un secteur "à forte densité démographique comptant 30 % de logements sociaux" et où la mairie a mis à disposition un terrain, à Villejuif (Val-de-Marne) où l'annexe d'un collège de Cachan "accueille une majorité d’élèves musulmans", "compte plus de 20 % de boursiers" et propose "un cours de maths et de français hebdomadaires en plus", à Blois (Loir-et-Cher) où trois établissements, de centre-ville et de périphérie ont fusionné, mêlant ainsi leurs publics.
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