Pratiques d'enseignement : En français, les enseignants avant tout en manque de temps pour aider les élèves qui en ont besoin (DEPP)
Paru dans Scolaire le mardi 09 avril 2024.
“On pourrait distinguer les enseignants qui pensent que pour que les élèves apprennent, il faut les confronter à des supports et des activités complexes et ceux qui, au contraire, pensent que les élèves apprennent mieux en travaillant sur des supports simples qui permettent de mettre en place des activités proposant des formes d’aide, au moins au départ.“ C'est ainsi que se conclut la note d'étude de la DEPP dédiée aux pratiques d’enseignement du français en CM2 en 2021.
En effet, pour le service statistique du ministère de l'Education nationale cette opposition entre choix de supports “semble la plus structurante pour capter l’orientation pédagogique des enseignants“, plutôt que celle entre méthodes explicite ou par la découverte. Bien que “clairement identifiables“, ces dernières “ne sont pas forcément exclusives l’une de l’autre pour chacun des éléments observés“, et une approche de type explicite “peut tout de même s’accompagner de l’utilisation de supports complexes et d’activités complexes, tout comme une entrée par la découverte peut ensuite s’accompagner du recours à des supports simples, des activités étayées et un bilan explicite.“
Plus globalement, parmi les 1 674 professeurs des écoles accueillant des CM2 en 2020-2021 qui ont été interrogés sur les conditions qui rendent difficile leur travail d’enseignement du français, 89 % mentionnent en premier le manque de temps pour aider les élèves qui en ont besoin. Viennent ensuite les écarts de niveaux entre les élèves dans la discipline (81 %), le nombre d'élèves en difficulté en écriture et production écrite (78 %), mais aussi en compréhension écrite (74 %) et en étude de la langue (65 %).
Conditions de travail
Pour y remédier les enseignants ont participé à des activités de formation continue : 56 % d'entre eux au moins une fois au cours des cinq années précédant l’enquête pour la production de textes écrits, 55 % pour la compréhension de textes écrits, 46 % sur les pratiques de différenciation pédagogique ou encore 45 % sur la difficulté scolaire.
Dans le détail, il apparaît que pour 74 % des enseignants de CM2, le nombre d’élèves en difficulté en compréhension de textes écrits soit “un facteur de difficulté pour l’enseignement du français dans leur classe“. Toutefois, la moitié des enseignants interrogés considèrent l’enseignement de la compréhension écrite comme ‘difficile‘ ou ‘très difficile‘, même si 65 % à déclarent y consacrer un temps ‘important‘ ou ‘très important‘.
De même malgré 42 % des enseignants qui indiquent consacrer un temps ‘important‘ ou ‘très important‘ à l'enseignement de la production écrite, ils sont 78 % à trouver problématique le nombre d’élèves en difficulté en écriture et production écrite.
En revanche les enseignants “semblent plus à l’aise avec l’enseignement de l’étude de la langue, considérant par exemple majoritairement comme ‘facile‘ ou ‘très facile‘ l’enseignement de la grammaire de la phrase (73 %) ou l’enseignement de l’orthographe grammaticale (69 %) et lexicale (68 %).“
Pratiques et ancienneté
La correction au tableau par l’enseignant reste la pratique privilégiée par les professeurs des écoles (71 %) lorsqu’ils ont constaté la même erreur chez cinq ou six élèves de la classe. 49 % procèdent à une remédiation auprès des élèves concernés pendant le temps de classe, 46 % organisent une reprise par l'ensemble de la classe, 37 % inscrivent les élèves concernés en activités pédagogiques complémentaires (APC) et un tiers une correction individuelle en passant auprès d'eux.
La DEPP constate que davantage d'enseignants ayant 20 ans d’ancienneté ou plus utilisent fréquemment des textes documentaires et/ou des articles de presse pour travailler la compréhension (57 % contre 45 % pour les enseignants avec moins de 10 ans d’ancienneté). Pour travailler la compréhension associée à la lecture, ils recourent davantage à un ou des romans ou albums de littérature jeunesse (89 % contre 78 %) tandis que leurs collègues plus jeunes préfèrent les fiches photocopiées (70 % contre 60 %).
Ils sont également plus nombreux à utiliser des documents issus d’autres domaines que le français (sciences, histoire, etc.) lorsqu’ils construisent leurs séances sur la chronologie dans les textes (44 % contre 33 %) ou pour l’apprentissage de l’accord sujet/verbe (49 % contre 33 %). Concernant l’accord sujet/verbe, et plus particulièrement lors de sa phase de démarrage, les enseignants entrés il y a au moins 20 ans sont plus nombreux à faire le lien avec une activité de classe où il a fallu s’interroger sur les accords sujet/verbe (78 % contre 66 %), et ils sont 85 % à demander aux élèves de formuler en plus les connaissances qu’ils ont de la notion (contre 74 % de leurs collègues ayant moins de 10 ans d’ancienneté).
La note ici