Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Lecture : Une baisse qui se confirme chez les 7-19 ans, en particulier à l'école (CNL / IPSOS)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mardi 09 avril 2024.

“L'école n'arrive plus tellement à faire lire tous les enfants“ estimait mardi 9 avril Etienne Mercier dans une présentation à la presse des données du dernier sondage IPSOS concernant la lecture des jeunes.

Commandée par le Centre national du Livre, établissement relevant du ministère de la culture, cette enquête menée auprès de 1 500 jeunes de 7 à 19 ans entre le 25 janvier et le 2 février montre en effet des “chiffres un petit peu préoccupants“, comme le souligne le directeur du pôle opinion de l'institut Ipsos. Car ce sont désormais 16 % des jeunes qui ne lisent pas du tout pour l'école ou pour le travail, contre 14 % en 2022 et 10 % en 2016 lors du premier baromètre.

Si globalement les jeunes lisent pourtant toujours dans ce cadre (84 %) c'est pour lui que “l'Education nationale fait plutôt bien son boulot“ mais seulement jusqu'à 16 ans, âge où est observée une chute drastique de la pratique : “les professeurs ne sont pas forcément incriminés, mais quelque part ils perdent en partie la bataille“, poursuit le sondeur.

Pourtant, l'Education nationale est le premier partenaire du CNL, rappelle sa présidente Régine Hatchondo qui fait à ce titre valoir des actions comme le quart d'heure de lecture tous les jours : “les enseignants disent qu'au bout de deux-trois mois cela mois modifie la relation des jeunes à la lecture“.

Evolution

En ce qui concerne les loisirs, la lecture est néanmoins restée plutôt stable entre 2022 et 2024 (l'enquête a désormais lieu tous les deux ans), cependant les jeunes lisent moins longtemps : 19 minutes en moyenne seulement par jour, en baisse de 4 minutes sur la période. A l'inverse, les jeunes “avouent consacrer 3h11 par jour aux écrans“, soit 10 fois plus qu'à la lecture, un chiffre qui serait simplement “a minima“ selon Etienne Mercier qui imagine que les jeunes sous-estiment leur consommation. La qualité de la lecture même serait par ailleurs affectée par une hybridation de l'activité avec des conversations téléphoniques, des jeux vidéos, etc. En 2024 par exemple, 34 % des 7-19 ans regarderaient des vidéos en même temps qu'ils lisent, soit 6 points de plus par rapport à 2022. Au total, un jeune sur deux ferait “autre chose“ quand il lit.

Régine Hatchondo semble peu surprise de ces résultats, au regard des chiffres relevés lors de la dernière enquête, mais se dit très inquiète par rapport à la situation qui se confirme voire s'amplifie : “On voit bien que les GAFAM et les réseaux sociaux ont vraiment réussi leur entreprise, de rendre totalement dépendants les enfants, les adolescents et même les adultes aux algorithmes."

Le rôle des adultes comme modèle est également questionné. Les jeunes interrogés indiquent à 53 % que la famille leur a conseillé un livre, la mère dans 38 % des cas tandis que les pères “sont loin derrière les amis et soi-même“ constate Etienne Mercier (23 %). Les instituteurs restent des prescripteurs pour 21 % des jeunes de l'enquête, quand le double (42 %) déclarent qu'il n'y a pas beaucoup ou pas de livres chez eux (+7 points en deux ans).

Fracture

Ce phénomène correspond pour la présidente du CNL à une “fracture“ vécue dans la société et en particulier pour les plus jeunes, dont l'importance relève d'une problématique de santé publique : “dans les années 80-90 on peut imaginer qu'il y avait déjà un décrochage de la lecture, mais pas une addiction“ aux écrans, déplore-t-elle, avec une sorte de “double peine“ pour ceux atteints, “dévorés en termes de temps et de contenu“ (réduction de l'imagination, du libre arbitre, difficulté pour la construction équilibrée d'un être..). Tandis qu'à l'inverse “la lecture permet, par le développement de la langue, d'améliorer sa capacité à s'exprimer, mais aussi de développer son esprit critique, l'altérité, son imaginaire...“ ce que favorise notamment le Pass' culture.

Car au-delà de l'activité économique que représente le secteur du livre, “beaucoup de libraires disent qu'ils voient régulièrement arriver des jeunes qu'ils n'avaient jamais vu auparavant“, estime enfin Régine Hatchondo. Le dispositif aurait facilité et contribué à l'acquisition d'ouvrages, premier achat chez les jeunes dans sa part individuelle, tandis que la part collective serait aujourd'hui principalement consacrée aux masterclasses d'auteurs.

L'enquête ici

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →