Laïcité : le SNPDEN-UNSA affirme qu'il "ne reculera pas" après les menaces reçues par le proviseur du lycée Ravel à Paris
Paru dans Scolaire le vendredi 29 mars 2024.
“Nous sommes debout pour dire qu'on ne reculera pas face aux attaques“ déclare Bruno Bobkiewicz à la presse vendredi 29 mars.
Le secrétaire général du SNPDEN-UNSA, très sollicité par les médias suite au retrait du proviseur du lycée Ravel à Paris, a tenu à apporter son soutien a l'ensemble des personnels ayant vécu des situations similaires, à savoir des menaces de mort proférées sur les réseaux sociaux. Car cette affaire n'est pas la seule, explique-t-il, mais la troisième en un an, les deux autres s'étant déroulées à Clermont-Ferrand et à Ivry-sur-Seine.
Si ces “situations graves“ ne sont pas le quotidien des établissements scolaires, être obligé de se mettre en retrait et protégé quand on est chef d'établissement est “intolérable“ pour le proviseur de la cité scolaire Buffon de Paris qui estime qu'il n'y a “pas de négociation possible“.
“On est sortis du pas de vague“. Malgré une communication jugée ratée du rectorat de Paris, celui-ci n'ayant pas mentionné la question sécuritaire dans la décision du proviseur du lycée Ravel, il n'y a “pas de poussière sous le tapis“ assure Bruno Bobkiewicz qui souligne surtout l'action positive du Gouvernement suite à ces affaires, opérant “un accompagnement et une prise en compte réels“ des situations rencontrées avec un soutien et des tentatives d'agir, même si “il y a des leviers supplémentaires“ qui peuvent être activés, poursuit-il.
Ainsi quand une situation se présente, l'organisation syndicale souhaite un accompagnement de l'Etat “localement“ envers les personnels, sanctionner les situations et “avoir des réponses à la hauteur des fautes commises“. Plus en amont, il s'agit de formation et de prévention à la laïcité. Si la ministre a annoncé qu'un personnel sur deux était désormais formé, “on sait que ce n'est pas le cas“ estime pour sa part Carole Zerbib de l'observatoire de la laïcité mis en place par le syndicat UNSA des personnels de directions.
Bruno Bobkiewicz rappelle d'ailleurs le “plan généralisé“ de formation annoncé par Jean-Michel Blanquer et pense que n'étant pas assez développé, il faudrait “accélérer“ dans ce domaine : “la laïcité ça se vit, ça s'apprend, on doit tous être capables de porter un discours et de répondre à ceux qui la contestent“. Il mentionne cependant la problématique du temps que nécessitent ces formations, notamment pour des professeurs à qui l'on demande de les effectuer hors du temps d'enseignement.
Autre point, les réseaux sociaux qui à chaque incident “prennent une place considérable dans la façon dont l'affaire est portée“. Il voudrait “gagner en efficacité“ sur la possibilité de retirer des tweets et messages haineux, et pouvoir travailler avec les parents et les jeunes sur ce sujet, car parfois “on est très courageux derrière son écran, et on dit des choses abominables qu'on ne dirait pas en temps normal“.
Nicolas Bray, qui fait également partie de l'observatoire de la laïcité au SNPDEN-UNSA, considère que cette question dépasse le cadre de la classe et de école, mais qu'elle est un problème de société, et avance l'idée que personne ne puisse tweeter de manière anonyme.
Depuis la clarification concernant le statut de l'abaya et du qamis, un recul lié aux situations concernant les tenues vestimentaires serait observé, mais les contestations d'enseignement sembleraient en augmentation, même si les chiffres manquent en ce domaine. Et si 80 à 95 % des situations sont réglées par le dialogue, “face aux attaques et à une volonté globale de déstabilisation, nous sommes debout pour dire qu'on ne reculera pas“, conclut Bruno Bobkiewicz.