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L'enseignement catholique dénonce toutes les "contre-vérités" sur son financement et ses efforts en termes de mixité sociale

Paru dans Scolaire le mercredi 27 mars 2024.

"On va vers quelque chose de très grave", certains cherchent à diviser les jeunes, à fomenter "une guerre entre jeunes, c'est extrêmement dangereux pour l'avenir de la société." C'est avec une certaine "véhémence" que Philippe Delorme décrit la situation créée par les polémiques actuelles autour de l'enseignement privé et de la question de la mixité sociale. Le secrétaire général de l'enseignement catholique réunissait ce 27 mars la presse pour dénoncer les "contre-vérités" qui circulent sur le privé sous contrat.

Le SGEC, qui nie qu'il y ait la moindre opacité dans le financement des établissements privés, propose une analyse des données de la DEPP (le service statistique de l'Education nationale) : le coût total pour le contribuable (donc en cumulant les dépenses de l'Etat et des collectivités) d'un élève du privé sous contrat dans le 1er degré est de 3 120€/an dont 876€ à la charge des communes (contre 6 910€ pour un élève du public, dont 2 678€ à la charge des communes), sommes qui ne tiennent pas compte du financement de la restauration scolaire dans le public. En ce qui concerne le 2nd degré, le coût d'un élève dans le public est de 8 055€ (dont 2 321€ à la charge du département ou de la Région) contre 4 851€ pour un élève du privé sous contrat (dont 692€ à la charge de la collectivité territoriale).

L'enseignement catholique est pauvre

Le secrétaire général nie encore que le calcul du montant du "forfait d'externat" (dû par les collectivités aux établissements privés à parité des dépenses engagées pour les écoles et établissements publics, ndlr) soit complexe : "Il est complexe quand on veut qu'il le soit", et de dénoncer la mauvaise foi de certains élus, lorsqu'il s'agit par exemple d'évaluer les dépenses partagées pour certains locaux municipaux qui servent pour l'accueil des élèves de maternelle (la dépense doit être intégrée au calcul du forfait) et pour le centre aéré (la dépense n'est pas prise en compte). Au total, même s'il reconnaît que ce n'est pas toujours le cas, il évoque un "enseignement catholique pauvre". La "fondation Saint-Matthieu" qui collecte des dons pour les écoles sous contrat, objet de "fantasmes", ne récolte que quelque 6 M€ chaque année. Quant aux capacités d'autofinancement des OGEC (les organismes de gestion des établissements, ndlr), elles sont en moyenne inférieures à 5 % des besoins.

Il reconnaît toutefois des situations particulières. Interrogé sur les moyens dont disposent les lycées parisiens pour proposer des enseignements de spécialité ou facultatifs, il évoque une "erreur de calcul du rectorat" qui explique une situation plus "confortable" que dans les lycées publics. Et, s'agissant de la gestion des établissements, il fait remarquer que "les processus de contrôle existent", même s'ils ne sont "pas toujours mis en oeuvre" par le ministère, notamment en ce qui concerne la situation financière des établissements, faute de moyens. "Nous les réclamons." Quant à la mixité sociale, c'est "un défi que nous relevons", poursuit P. Delorme. Là aussi, "on nous caricature", assure-t-il, donnant l'exemple d'établissements privés dans l'Aveyron dont l'IPS (indice moyen de position sociale des élèves, ndlr) est inférieur à celui du public. "Nous mettrons tout en oeuvre pour respecter nos engagements", pris dans le cadre du protocole signé avec Pap Ndiaye.

L'autocensure des familles populaires

La plateforme qui doit permettre de recueillir des indications sur les progrès réalisés dans ce domaine est en phase de test et, prévient P. Delorme, "tout n'aura pas bougé" au mois de septembre, mais "des choses commencent à bouger" et "dans les 3 ans" qui viennent, l'enseignement catholique sera allé au-delà ce que prévoit le protocole, plus de la moitié des établissements auront modulé les contributions des familles en fonction de leur situation.

Encore faut-il que les familles ne s'autocensurent pas. Un collège bordelais n'a, par exemple, reçu que deux dossiers de candidature pour des enfants boursiers. Le SGEC pose aussi la question des aides à la restauration scolaire. Les familles doivent débourser plus de 6€ par repas alors qu'elles paient moins d'un euro dans le public. Elles ne peuvent donc pas s'orienter vers le privé. Il reconnaît d'ailleurs certaines "maladresses" de gestionnaires qui se sont adressé aux collectivités sur le mode "maintenant, vous devez payer pour les aides sociales à nos élèves".

Groupes de besoin ? Les établissements privés sont libres de s'organiser comme ils le souhaitent

Il reconnaît d'autre part que certains établissements privés, tel Stanislas, pratiquent l'élitisme, mais, fait-il aussitôt remarquer, c'est aussi le cas d'Henri IV, de Louis-le-Grand, du lycée du Parc... Il ne nie pas non plus que l'IPS moyen des établissements privés catholiques ait augmenté "ces deux dernières années", mais il explique le phénomène par la crise économique, certaines familles, celles qui avaient le moins de moyens, ont retiré leurs enfants des établissements privés quand elles n'ont pas quitté les centres villes pour rejoindre la périphérie. Il conteste d'ailleurs que les établissements privés parisiens attirent les élèves favorisés de Seine-Saint-Denis, seuls 3 % des élèves de 6ème seraient concernés.

Interrogé sur les groupes ("de besoin", "de niveau" ou "d'élèves"), il répond : "liberté d'organisation pédagogique" des établissements. La constitution de "groupes", "par moments", pour répondre à "un besoin particulier", n'est pas "illégitime", mais il pointe le risque de dérive vers des "classes de niveau". Il invite implicitement les établissements à ne pas les mettre en place, d'autant que l'enseignement privé n'a reçu aucune des "miettes" qui ont pu être redistribuées, en termes de postes, pour leur mise en oeuvre. A la 26ème heure de 6ème supprimée correspondent pour l'enseignement privé 370 ETP qui ont été redistribués. Le privé n'a par ailleurs touché aucun des "2300" postes annoncés et déjà répartis entre les établissement publics (dont 1 500 correspondent en fait à la 26ème heure).

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