Réforme de la formation initiale des enseignants : vers un corps unique professeurs de collège - PLP !
Paru dans Scolaire le lundi 25 mars 2024.
Vers un nouveau corps de professeurs de collège et de professeurs des lycées professionnels bivalents et n'enseignant pas dans les lycées généraux et technologiques ? C'est ce que donne à penser la consultation d'un "document de travail" consacré à la "stratégie de formation et de recrutement des futurs professeurs " qui a "fuité" dans la presse spécialisée. Titré "les écoles normales du xxième siècle", il porte le logo du Gouvernement. Selon les informations recueillies par ToutEduc, le projet n'aurait fait l'objet d'aucune concertation, ni avec les organisations syndicales, ni avec les universités ou avec le réseau des INSPE, ce qui donne à penser que la fuite viendrait de l'administration. La première édition du concours, placé à bac+3 (voir ToutEduc ici), interviendrait au mois de juin 2025. Les INSPE deviendraient des ENSP, des "écoles normales supérieures du professorat".
La réforme doit d'ailleurs "s’accompagner d’une profonde transformation des INSPE dans les ENSP", le directeur serait nommé par les deux ministères et aurait un "profil type IGESR disciplinaire", son mandat serait limité à 4 ans, une part de sa rémunération serait "liée à l’atteinte des objectifs", une "large place" serait "donnée aux tutelles (MENJ et MESR)".
Une structure sui generis pour le 1er degré
En ce qui concerne le premier degré, la grande majorité des futurs enseignants (80 %) passe par une LPPE, une "licence préparatoire au professorat des écoles". Il en est créée "dans au moins une université par académie", et elle n'est pas pilotée "dans une composante (de l'université, ndlr) mais dans une structure sui-generis co-portée MENJ-MESR et dénommée Ecole normale supérieure du professorat". Les enseignements y sont organisés selon "une maquette nationale unique". En L1, les "savoirs fondamentaux" ("français, mathématiques, sciences, LV, HG, Arts, EPS") représentent 60 % des enseignements, 50 % en L2, 40 % en L3. A l'inverse, la formation en "didactique et pédagogie" gagne en importance (25 % en L1, 30 % en L2, 40 % en L3) et en contenus : aux "valeurs de la République, didactique des disciplines, pédagogie générale" s'ajoutent "histoire de l’enseignement, sociologie de l’éducation" en L2 et "développement de l’enfant, sciences cognitives et mécanismes d’apprentissage" en L3.
Les enseignements sont assurés à 50 % par des universitaires, à 50 % par des professeurs des écoles "expérimentés" et des PLC (professeurs de lycées et collèges) "repérés". Ils sont mis à disposition des ENSP pour six ans maximum. Les étudiants passent des "tests normalisés en fin de L1 et de L2", ce qui leur permet "s’ils sont réussis", d'être dispensés des épreuves d'admissibilité. Les épreuves d'admission comportent "un exposé disciplinaire (maths ou français)" et une "appréciation" de leur motivation, mais aussi de leur "capacité à transmettre et incarner les valeurs de la République".
Le concours est ouvert, dans la limite de 20 % des effectifs, à des étudiants titulaires d'une licence disciplinaire. Ils ont pu bénéficier de modules de préparation au concours mais doivent, lors des deux épreuves d'admissibilité, témoigner de leur maîtrise des "savoirs fondamentaux" et des "autres disciplines".
Les deux années de Master sont assurées dans ces mêmes ENSP. La titularisation est "fondée sur l’obtention du Master ENSP" et sur un "avis sur les périodes de stages d’observation et pratique accompagnée" (la première année, 1,5 jour par semaine) et de "mise en responsabilité" la 2ème année (2,5 jours par semaine).
Les professeurs de collège et les PLP
En ce qui concerne le 2nd degré, les futurs professeurs de collège et les futurs PLP ("professeurs de lycée pro, sections bivalentes") devront avoir validé une "licence disciplinaire classique" pour passer le concours. Celui-ci aura été "rénové, simplifié, recentré sur les savoirs et savoir-être pour éviter une année de préparation supplémentaire et élargir ainsi autant que possible les viviers". Le document fait état de "modules spécifiques" représentant 30 ECTS (donc la moitié des enseignements) en L2 et en L3, sans préciser s'il s'agit d'une condition pour se présenter au concours. Il est précisé que les deux années de master constituent une "formation statutaire rémunérée". Comme leurs collègues du 1er degré, ils font en première année des stages d'observation pour un gros tiers du temps, et en deuxième année, ils sont en responsabilité à mi-temps.
Pour les PLP des "sections professionnelles", est prévue une "vérification des connaissances techniques, technologiques et professionnelles à travers la résolution d’une situation caractéristique de la section".
Vers un nouveau corps
Le document est beaucoup moins détaillé pour le 2nd degré que pour le 1er degré. Le lycée d'enseignement général et technologique n'est cité à aucun moment Le document prévoit donc, implicitement, que les futurs professeurs des lycées ne sont pas concernés par cette réforme, et que serait créé un corps spécifiques d'enseignants bivalents pour les collèges et les lycées professionnels.
Le document ici