Congrès du SNES : le "choc des savoirs" cause d' "une douleur profonde" pour les enseignants
Paru dans Scolaire le lundi 25 mars 2024.
L’École publique est "à un point de bascule", "au bord de l’effondrement", estime le SNES. Le syndicat FSU des enseignements du second degré, à l'issue de son congrès de la Rochelle, du 18 au 22 mars, lance un appel "à la grève le mardi 2 avril, pour l’abandon des mesures 'Choc des savoirs', pour exiger une revalorisation salariale sans contreparties et des moyens pour l’École publique".
Pour l'organisation syndicale, le gouvernement fait le choix "d’une École du tri social, d’une École passéiste et conservatrice", qu'il s'agisse des "groupes", des classes prépa 2de, de la réforme du lycée, de Parcoursup ou de l’uniforme et du SNU. Il invite ses militants "à organiser des heures d’information syndicale, réunions publiques pour partager (ses) analyses sur l’État du collège et du lycée", à reconduire "là où cela est possible", sur "plusieurs jours" les mouvements de grève, à mener "des actions diversifiées (rassemblements, récréations revendicatives, grèves, banderoles devant les établissements, tractages etc.)". Il "proposera à la FSU et à l’ensemble des organisations syndicales, fédérations de parents d’élèves, une grande manifestation nationale pour la défense de l’École publique, laïque, émancipatrice et inclusive".
Le SNES donne aussi la parole aux professeurs de français et de mathématiques qui ressentent la menace "de ne plus jamais exercer (leur) métier de la manière dont (ils) le con(çoivent)" : Avec la constitution de groupes, "on veut nous enlever notre liberté pédagogique et nous priver de la relation forte et continue avec nos classes sur laquelle s’appuie notre pédagogie (...). Le 'choc des savoirs' nous dépossédera de ce supplément d’âme : ouvrir au plaisir de la découverte, donner à voir des pans de l’histoire de l’humanité, par delà le temps et les civilisations, distinguer la croyance et le savoir, la rationalité de l’émotion… Parce que c’est cela être professeur·e de mathématiques ! (...) Être professeur de lettres, ce n’est pas seulement être professeur de langue (...). C’est tellement plus que cela que lorsqu’on nous enlève la partie émancipatrice de notre métier, c’est une douleur profonde que nous ressentons tous et toutes. Le 'choc des savoirs' nous dépossédera de ce supplément d’âme : développer la pensée, ouvrir au monde et à son humanité au travers de textes littéraires exigeants, faire échanger les élèves quels que soient leur niveau, leurs origines, leurs difficultés…". Pour ces enseignants, le Gouvernement veut faire d'eux, et de leurs collègues des autres disciplines "des exécutant·es et des répétiteur·trices".