Quelle protection de l'enfance en Ile-de-France ? (URIOPSS)
Paru dans Justice le vendredi 22 mars 2024.
Malgré des disparités entre chacun des départements qui la composent, la région Île-de-France est “plus jeune que la moyenne nationale, avec plus d’un quart de sa population (26,7 %) âgée de moins de 21 ans“, indique l'URIOPSS (associations des secteurs sanitaire, social et médico-social) dans son baromètre 2023 de la protection de l'enfance.
Les franciliens ont une population familiale, avec 65,5 % des ménages avec familles qui ont un ou des enfants (contre 57,4 % à l’échelle nationale), cependant elle présente d'importants facteurs de vulnérabilité, avec notamment un taux de pauvreté (au seuil de 60 % du revenu médian) plus élevé qu’à l’échelle nationale (16,1 % contre 14,5 %). Le territoire est également sous-doté en sage-femmes (10,3 praticiens pour 100 000 habitants, contre 11,4 nationalement) et en maternités (0,65 pour 100 000 habitants, contre 0,72 à l’échelle nationale), et des départements comme la Seine-Saint-Denis et la Seine-et-Marne qui “apparaissent fortement sous-dotés en professionnels de santé (médecins, pédiatres, orthophonistes, psychologues, psychiatres…)“.
En outre, l'ensemble des départements l’Île-de-France semble particulièrement démuni en structures de prise en charge des enfants et adolescents en situation de handicap et ce quel que soit le type d’établissements et services (SESSAD, IEM, IME, ITEP), pouvant “entraîner des difficultés de prise en charge importante des enfants et des jeunes dits à ‘double vulnérabilité‘, également pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance.“
En termes d'ASE justement, le taux d’intervention en Île-de-France est de 15,4 mesures prononcées pour 1 000 jeunes de 0 à 20 ans (les enfants confiés et les mesures éducatives), contre 21,4 en moyenne nationale, mais il est “très disparate selon les départements, s’échelonnant de 11,1 dans les Yvelines à 19,6 à Paris“. Il est surtout “en forte augmentation depuis dix ans“ (+13,4 % entre 2011 et 2021), particulièrement dans le Val-d’Oise (+56,3 %), le Val-de-Marne (+32,8 %) et l’Essonne (+24,4 %).
Le taux d’intervention en actions éducatives global est de 7,1 mesures pour 1 000 jeunes de moins de 21 ans en Île-de-France, un chiffre inférieur à la moyenne nationale (10,2), mais également en augmentation sur la période 2011-21 (+5,8 %), bien que la hausse soit moins forte qu’à l’échelle nationale (+12,7 %). Dans le détail, l'URIOPSS souligne que le taux d’intervention en actions éducatives de milieu ouvert (AEMO) est de 4,9 mesures pour 1 000 jeunes de moins de 21 ans en Île-de-France (7,2 en France), supérieur au taux d’intervention en actions éducatives à domicile (2,2 en Île-de-France, contre 3,1 en France). Est constatée une tendance à l’augmentation des mesures en actions éducatives (AED et AEMO) dans la majorité des départements, à l’exception des Départements de Paris et des Hauts-de-Seine qui ont connu une baisse de leurs mesures de milieu ouvert.
Le taux de mesures en placement en Île-de-France (8,3 mesures pour 1 000 jeunes de moins de 21 ans) est lui inférieur à la moyenne nationale (11,2) mais il est “en très forte augmentation entre 2011 et 2021 (+20,9 % de mesures de placement)“, bien que cette hausse soit moins forte qu’à l’échelle nationale (+ 37,9 %). Contrairement à la tendance nationale, il existe en Ile-de-France une prépondérance des hébergements en établissements et un accueil familial moins représenté (28,9 %) qu’à l’échelle nationale (39,6 %). L'accueil en établissement se fait à 76,2 % en MECS (maison d'enfants à caractère social). A l’échelle régionale, les publics confiés sont globalement plus âgés qu’à l’échelle nationale. Ainsi, 23,5 % des enfants confiés sont âgés de 16 à 17 ans (contre 19,6 % en France), tandis que 28,2 % sont des jeunes majeurs (contre 18,9 % en France).
Concernant les dépenses brutes de l'aide sociale à l'enfance (4 400 euros par enfant accompagné en 2021), bien quelles soient supérieures à la moyenne nationale (3 200 euros) l'URIOPSS pointe une augmentation “moindre“ en Île-de-France qu’à l’échelle de l'hexagone au cours des 10 dernières années, tant en matière d’actions éducatives (+21 % entre 2011 et 2021 contre 30,2 % en France sur la même période) que de placement (+20,3 % en Île-de-France contre +34,8 % en France). Est enfin constaté “un fort investissement financier sur la prévention spécialisée en Île-de-France“ avec des dépenses supérieures à 40 000 euros pour 1 000 jeunes de 16-25 ans dans tous les départements franciliens à l’exception des Yvelines et de la Seine-et-Marne, même si les dépenses brutes ont diminué de 18,5 % entre 2011 et 2021 (-19,4 % à l'échelle du pays).