INED : En France, la démographie baisse mais résiste toujours
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le mercredi 20 mars 2024.
“L’effectif de femmes en âge d’avoir des enfants ayant peu diminué ces dernières années, c’est la baisse de la fécondité qui explique l’essentiel de la diminution des naissances“, indique l'INED dans une note d'Anne Solaz, Laurent Toulemon et Gilles Pison consacrée aux démographies de France et d'Europe.
Si en effet la France compte 68,4 millions d’habitants au 1er janvier 2024, avec un solde naturel (différence entre les naissances et les décès) positif “bien que faible“ (+ 47 000 habitants, pour + 51 000 en 2022), le nombre de naissances est lui passé de 726 000 en 2022 à 678 000 l'an dernier, soit une diminution de 7 %. En cause, l’indicateur conjoncturel de fécondité qui a connu “une baisse annuelle exceptionnelle“, diminuant de 1,79 enfant par femme en 2022 à 1,68 en 2023, un niveau “historiquement bas depuis la fin du baby-boom“ (hormis en 1993-94). Il était de 2,95 enfants par femme en 1950, année où 862 000 bébés sont nés.
Cependant, la France “conserve toujours l’indicateur de fécondité le plus élevé de l’Union européenne en 2022 et probablement aussi en 2023“, poursuit l'institut national d’études démographiques. Il constate que “les pays du nord de l’Europe avaient aussi des niveaux de fécondité élevés au début des années 2010 et ont tous, à l’exception du Danemark, connu des baisses qui se sont accentuées depuis les années Covid.“ De même ces indices, très faibles dès 2014 dans les pays du Sud de l’Europe (entre 1,2 et 1,4 enfant par femme) “sont restés stables ou ont légèrement baissé dans les 10 ans qui suivent" (exception faite de la baisse due à la pandémie), et seul le Portugal a connu une hausse sur la période, passant de 1,2 à 1,5 enfant par femme au cours de la décennie. Pour les anciens pays du “bloc“ de l’Europe de l’Est, il y a eu une légère reprise de la fécondité au début (Lituanie, Lettonie) ou à la fin de la décennie 2010 (Hongrie, Pologne, Tchéquie), mais elle n’a été que temporaire, la plupart de ces pays connaissant depuis une nouvelle baisse de leur fécondité.
Au final sur l’ensemble de l’Europe, “la fécondité est plus homogène qu’elle ne l’était il y a 10 ans, avec une tendance globale à la baisse“ analysent les chercheurs qui expliquent que le Covid-19 a eu dans certains pays (Irlande, Belgique et République tchèque) pour effet une baisse transitoire avant un rattrapage suivi d'un retour à la tendance baissière, là où d'autres pays (Allemagne, Autriche, Pays-Bas) ont simplement eu un “regain temporaire de leur fécondité avant de reprendre aussi leur tendance à la baisse“.
Dans un nouveau scénario démographique intitulé “2023“, l'INED fait ensuite l'hypothèse d’une fécondité stable à son niveau actuel (1,68 enfant par femme) et d'un solde migratoire (différence entre les entrées et les sorties du territoire) de + 183 000 personnes par an maintenu constant. Sans changement majeur, le solde naturel deviendrait négatif en 2030, tandis que “les progrès contre la mort se poursuivant, la population de la France ne devrait pas diminuer d’ici 2070.“
La note ici