Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Les nombreuses questions que pose, en 2024, l'enseignement adapté (SNUIPP-FSU)

Paru dans Scolaire le vendredi 15 mars 2024.

“Ce qui remonte du terrain c'est la difficulté par rapport à ce modèle inclusif qui implique une école efficace, basée sur l'idée de l'évaluation et sur la réussite de chaque élève“, constatait hier jeudi 14 mars Florence Legendre, sociologue et Maîtresse de conférence (U. Reims) à la tribune des “Etats Généraux de l'enseignement adapté“ organisés par le SNUIPP-FSU.

L'objectif de la journée, pour la première organisation syndicale chez les professeurs des écoles, était de constituer, avec les acteurs de terrain, un cahier de “revendications nationales“ pouvant répondre à des situations qui “provoquent de la souffrance“ chez les élèves et impactent également les professeurs.

Mandat professionnel

Il faut dire que l'école est au fur et à mesure passée d'un modèle “ségrégatif“ à un modèle “intégratif“ avant de devenir “inclusif“, mais pour le syndicat FSU du 1er degré la problématique est que ce dernière qualification s'inscrit dans un “système économique libéral“ ayant “une connotation et une couleur politique“ qui définit le handicap par la compensation et prône “l'accompagnement individuel.“

Au lieu d'une école qui émancipe par les savoirs et qui réduit les inégalités scolaires en faisant de la diversité une richesse, “on impose une modification des pratiques“ avec des interventions de l'extérieur qui entraînent une déprofessionnalisation, une perte du pouvoir d'agir des professeurs.

Beaucoup des intervenants évoquent justement ce besoin accru de formation. Florence Legendre souligne d'ailleurs que s'il y a toujours eu dans les classes des élèves divers et variés, “ce qui a changé c'est le traitement scolaire, c'est ce que l'institution en a fait“. Et désormais s'opère un “changement de mandat professionnel“ : “nous sommes dans une bureaucratisation et un enchevêtrement de protocoles qui sont censés baliser, soutenir les prises en charge mais qui en réalité, loin de fournir les ressources, apportent un sentiment de disqualification du fonctionnement de travail traditionnel".

Médicalisation

D'autant que l'enseignement adapté peut être sujet à débat quant à la nature même des sciences qui définissent les supposées difficultés des élèves. C'est ce qu'a expliqué Stanislas Morel concernant la dyslexie, qu'il a étudiée en tant qu'objet de recherche sociologique. “Ce qu'on sait est très peu robuste“, estime-t-il, invitant à la prudence sur ce “trouble du neurodéveloppement qui affecte un individu pour lequel le circuit de la lecture ne s'est pas développé de façon typique“ qui peut entraver la compréhension de ce qui est lu.

Déjà, il y a au moins quatre définitions de la dyslexie qui coexistent et surtout, “il n'est pas avéré qu'il y ait de méthode particulière qui ciblerait certains éléments précurseurs de la dyslexie“, poursuit-il. Si les méthodes les plus efficaces pour aider un enfant atteint semblent être les méthodes de lecture “classiques“, elles sont efficaces pour l'ensemble des élèves en difficulté d'apprentissage.

Il s'agit pour le chercheur, dès lors, de faire notamment “de la médicalisation un objet de débat“, alors que les directives données par les politiques publiques mettent l'accent “sur la nécessité d'un diagnostic de plus en plus précoce, comme des autres troubles de l'apprentissage“. Il ne faudrait ainsi pas chercher à poser des diagnostics, pouvant être vecteurs de nombreux usages sociaux (de chercheurs, de familles, de professionnels du soin, … selon leurs intérêts), et qui conditionneraient l'accès à des remédiations.

Adaptation et prévention sont au final les deux mots d'ordre de l'organisation syndicale en la matière, qui plaide pour “investir massivement dans la formation initiale et continue“, “créer un nombre significatif de postes dans l'enseignement adapté (RASED, SEGPA, EREA)“, mais aussi “augmenter le nombre de places dans les établissements spécialisés et les dispositifs inclusifs existants pour pouvoir appliquer les notifications de la MDPH et respecter les besoins des élèves“.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →