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Affelnet : plus de mixité, plus de privé. Le bilan 3 ans après la réforme de la procédure d'affectation dans les lycées parisiens

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 05 mars 2024.

Le rectorat de Paris indique que le “comité de suivi Affelnet“ s'est réuni le 4 mars 2024 pour dresser un bilan trois ans après la réforme du système d’affectation des élèves de troisième dans les lycées de la capitale. Il publie une communication qui en détaille les principaux effets.

Selon le document écrit par Pauline Charousset (Ecole d'économie de Paris) et Julien Grenet (CNRS/PEcole d'économie de Paris), 10 811 élèves de 3ème ont formulé des vœux en voie générale et technologique (GT) dans Affelnet en 2018, contre 10 561 en 2023, tandis que 3 832 ont formulé des vœux en voie professionnelle (versus 3 714).

Affectation et satisfaction

Ils constatent tout d'abord que le taux de satisfaction des “vœux 1“ est passé pour l'ensemble des élèves de 52 % en 2020 à 67 % en 2022, avant de redescendre à 64 % en 2023. Sur les 3 premiers vœux, ce taux “se maintient à un niveau très élevé“ de près de 89 %. La proportion d’élèves non affectés à l’issue du 1er tour est passée de 5,3 % en 2020 à 1,8 % en 2023, tandis que celle des élèves ayant formulé 5 voeux de secteur 1 a progressé de 52,8 % en 2021 à 78,5 % en 2023.

Mixité

Concernant l'évolution de la mixité, les deux chercheurs calculent que la ségrégation sociale des lycées publics en 2nde GT était 15 % plus élevée à Paris que la moyenne des autres académies à la rentrée 2019, tandis qu'elle est désormais 40 % plus faible que cette moyenne en 2023. Quant à la mixité scolaire, elle ne serait plus que 3 fois plus élevée que la moyenne des autres académies en 2023, contre 4,6 fois en 2019. La mixité sociale aurait donc progressé avec un indice de ségrégation sociale en recul de 49 %, tout comme la mixité scolaire avec un indice de ségrégation scolaire, calculé à partir des épreuves écrites du DNB, en retrait de 39 %.

Mais ce que distinguent les chercheurs, alors que les lycées privés “ne sont pas concernés par Affelnet“, évitant de fait une régulation de leur recrutement, serait un “risque que la réforme entraîne un mouvement de ‘fuite‘ vers le privé“.

Démographie et secteur privé

Depuis la mise en place de la réforme, il n'a pas été constaté “d’augmentation notable“ des départs vers le privé à l’entrée en seconde GT : 3 % à 4 % de collégiens du public s’inscrivent chaque année dans un lycée GT privé, un flux qui reste “inférieur à celui des collégiens du privé qui s’inscrivent dans un lycée public“ ; “pas de creusement de l’écart de composition sociale entre lycées publics et lycées privés depuis la la réforme d’Affelnet“.

En revanche, il est question d'une “forte augmentation de la part de l’enseignement privé à l’entrée en 6e depuis la rentrée 2021“, passant de 35,4 % en 2020 à 38,6 % en 2023.

Que ce soit à l'entrée au CP, ou plus tard à l'entrée au collège, Pauline Charousset et Julien Grenet constatent que la part du privé “augmente fortement“ en raison de la baisse démographique, 31 440 naissances en 2023 versus 21 753 en 2010, soit - 31 % sur la période. Dès lors, la baisse démographique “est presque entièrement supportée par les écoles publiques“ qui ont perdu -22,4% de leurs effecteifs au CP depuis 2016, contre - 4,5 % dans le privé. De quoi se demander, à travers 4 scénarios prospectifs, si l’enseignement privé sera majoritaire dans le futur à Paris. En effet, si la tendance reste la même que dans les dix dernières années, la part du privé en 6ème passerait mathématiquement de 38,6 % à 53,6 % en 2034.

Performances et pistes d'améliorations

S'il est impossible de savoir si la réforme de la procédure Affelnet a entraîné des départs d'élèves du secteur public vers le privé, il semblerait que les performances moyennes aux épreuves écrites du brevet des entrants en seconde GT n'aient pas été affectées. A Henri-IV et Louis-le-Grand, deux lycées élitistes qui ont rejoint le dispositif en 2021, le score est resté à 95 entre 2017 et 2023. Il est en revanche passé de 62 à 66 dans les lycées GT publics de la capitale, et de 76 à 79 dans ceux privés sous contrat.

Plusieurs pistes de réflexion sont proposées pour encore améliorer le système, avec par exemple les garanties de pouvoir être affecté dans au moins un lycée de secteur 1, et qu’aucun lycée de secteur 1 ne soit inaccessible à tous les élèves d’un collège. Concernant l'évaluation, le barème national d’Affelnet “peu lisible“, pourrait être modifié “à l’occasion de la réforme prochaine du DNB“, et les compétences du socle, qui voient des pratiques “pas nécessairement harmonisées d’un collège à l’autre“ réduites ou supprimées. Enfin, pour lever les freins à la mixité, est envisagé de “diversifier le bassin de recrutement de ces lycées“ ou de “relocaliser les formations GT des lycées les plus socialement défavorisés“. Mais les auteurs rappellent surtout le “frein majeur“ que constitue l' “absence d’intégration des lycées privés à Affelnet“.

Le bilan ici

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