Trois démissions au Conseil scientifique de l'Education nationale (L'Express)
Paru dans Scolaire le lundi 04 mars 2024.
Selon les informations de notre consoeur de L'Express, le Conseil scientifique de l'Education nationale est secoué par les démissions de trois économistes, Elise Huillery (Paris-Dauphine), Yann Algan (HEC), et Julien Grenet (CNRS et Ecole d’économie de Paris). Celles-ci ont notamment été provoquées par la conduite de la mission "Exigence des savoirs" (voir notamment ToutEduc ici) et les annonces par Gabriel Attal de plusieurs réformes dans le cadre du "choc des savoirs" : groupes de niveau en mathématiques et en français, redoublement, classes "prépa lycée".
Ces réformes auraient dû s'appuyer sur les travaux de la mission présidée par Stanislas Dehaene, également président du Conseil scientifique, mais le CSEN n'a pas été consulté "en bonne et due forme sur ces mesures dont la plupart vont à l’encontre des résultats de la recherche", selon les propos rapportés d'Elise Huillery. Les trois démissionnaires ont notamment été "sidérés" par l'annonce sur les redoublements.
Toujours selon notre consoeur, pour Franck Ramus, membre non démissionnaire du CSEN, "ce dernier épisode est révélateur d’une ambiguïté qui couve depuis le début de la création de l’instance en janvier 2018 (...). Aucun des différents ministres qui se sont succédé (...) n’a véritablement pensé à nous poser des questions avant de prendre ses décisions" tandis que les "notes, synthèses et documents à destination de la communauté éducative" qui sont publiés par le CSEN ne sont pas "portés en haut lieu". En ce qui concerne les groupes "de niveau ou de besoin", S. Dehaene indique que "le CSEN plaide pour le recours à une phase d’expérimentation à petite échelle pendant au moins un an avant de généraliser la mesure" alors que le ministre en a annoncé la généralisation "dès la rentrée prochaine dans toutes les classes de 6e et de 5e, en français et en mathématiques".