Les scolarités courtes en légère baisse chez les jeunes à la Réunion, les sorties sans diplôme “en nette diminution“ (INSEE)
Paru dans Scolaire le vendredi 23 février 2024.
“Les sorties sans diplôme sont en nette diminution à La Réunion“ constate Manuela Ah-Woane dans une analyse de l'INSEE publiée le 20 février.
Au total en 2020, calcule la chargée d'études, ce sont 20 % des jeunes de 14 à 20 ans qui ne sont plus inscrits dans un établissement d’enseignement à La Réunion soit 17 900 jeunes, contre 14 % dans l’Hexagone. Ce taux de “scolarités courtes“ est certes plus élevé à Mayotte (28 %), en Guyane (26 %), mais reste supérieur à la Corse (17 %), aux Hauts-de-France (16 %) et aux Antilles (15 %), des régions où “la pauvreté est plus élevée qu’en moyenne nationale“ : “faible niveau de formation initiale, difficultés d’insertion professionnelle et pauvreté sont en effet étroitement liés“.
En 2010, 22 % des jeunes terminaient leur scolarité entre 14 et 20 ans, l’écart s'est donc légèrement réduit avec l'hexagone où cette part est restée stable durant la décennie. En revanche, les sorties sans diplôme (aucun diplôme ou uniquement avec le brevet des collèges) “sont en nette diminution à La Réunion“. Ce taux est ainsi passé de 13 % en 2010 à 8 % en 2020 et “les jeunes qui quittent le collège sans le brevet sont bien plus rares que par le passé“, d'autant que “l’apprentissage notamment progresse fortement sur l’île en 2020 et 2021, grâce à l’aide exceptionnelle de l’État dans le cadre du Plan de relance.“
Mineurs déscolarisés
3 100 mineurs déclarent ne plus être inscrits dans un établissement d’enseignement en 2020, dont 700 sont déscolarisés avant 16 ans “qui marque pourtant l’âge légal de la fin d’obligation d’instruction“ : 300 ont 14 ans et 400 ont 15 ans. Comme dans l’Hexagone, ce sont 2 % des 14-15 ans qui déclarent ne plus être scolarisés à ces âges.
La plupart des 3 100 mineurs susmentionnés “terminent leur scolarité au collège, sans le brevet (42 %) ou avec (36 %)“, peu ont obtenu un CAP ou un BEP (14 %), le bac (7 %), et encore moins un diplôme supérieur au bac comme un DUT ou un BTS (1 %). En outre, pour ces jeunes peu diplômés et très jeunes, “l’insertion professionnelle s’avère extrêmement difficile dans un territoire où le chômage est élevé“, seuls 200 d’entre eux ont un emploi en 2020.
Ces mineurs de 14 à 17 ans vivent à 88 % avec leurs parents, contre 97 % de ceux qui sont scolarisés. Leur environnement familial “est souvent moins favorable à la poursuite des études“ : 54 % n’ont aucun parent en emploi (contre 36 % pour les 14-17 ans scolarisés) et leurs parents sont également moins souvent diplômés. Ils sont 48 % à vivre au sein d’une famille monoparentale (dans la plupart des cas, une mère seule avec son ou ses enfants) contre 39 % pour les mineurs encore scolarisés.
Jeunes majeurs déscolarisés
Quant aux 18-20 ans déscolarisés, ils sont classés en 5 groupes par l’Institut national de la statistique et des études économiques. Les 3 premiers, qui ne sont pas en emploi, composent le groupe des NEET, 14 800 jeunes soit 40 % des jeunes de ces âges qui ont quitté le système scolaire tôt. Dans le premier groupe, 3100 jeunes sont sans diplôme, en difficulté d’insertion et sans logement indépendant. Six sur dix d'entre eux ont même quitté le système scolaire sans avoir le brevet des collèges, “donc probablement avant d’avoir atteint 18 ans“. Deux tiers d'entre eux sont des hommes (65 %).
Le deuxième groupe, qui rassemble le plus grand nombre de jeunes (6 400), se compose de jeunes diplômés : ils sont titulaires d’un CAP-BEP (37 % d’entre eux) ou d’un bac (28 % un bac pro et 30 % un bac général), et 5 % ont un diplôme supérieur au bac (DUT, BTS surtout). Ils n’ont pas de logement indépendant. Si la plupart souhaitent travailler, “trouver un emploi à la sortie de ses études prend plus de temps à La Réunion qu’ailleurs.“
77 % de femmes composent le troisième groupe, 1 700 jeunes non scolarisés et sans emploi qui habitent dans leur propre logement. Une partie de ces jeunes a “probablement quitté le système scolaire avant leurs 18 ans“, étant donné que 28 % d'entre eux n’ont aucun diplôme. 800 de ces jeunes non scolarisés sont des jeunes mères, dont 500 assument seules la charge de leur(s) enfant(s). Ces jeunes mères de familles monoparentales cumulent les risques de pauvreté : sur l’île, un ménage jeune sur deux et une famille monoparentale sur deux sont pauvres.
La note INSEE Analyses ici