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Contrat d'engagement jeunes : des difficultés d'entrée, de maintien dans le parcours, puis d'accès à l'emploi durable (COJ)

Paru dans Périscolaire, Orientation le mercredi 14 février 2024.

“On fait peur aux jeunes et certains parents ne comprennent pas pourquoi ils doivent fournir leur avis d’imposition, de plus pour les jeunes qui ont des parents séparés ; on réveille des situations difficiles. Le jeune devient méfiant sur ce qu’on va lui proposer ensuite“, déclare cet employé de France Travail à Vannes, interrogé par la commission d'évaluation de la mise en œuvre du contrat d’engagement jeune (CEJ) dans les territoires.

Ce 2ème rapport d'étape, adopté le 6 février 2024, est l'occasion pour le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse (COJ) de marquer un nouveau succès quantitatif du CEJ, qui comptabilise quelque 540 413 contrats signés depuis le 1er mars 2022, dont 347 495 via les missions locales et 192 918 via France Travail.

Côté profil, on retiendra que 9,1 % des signataires ont entre 16 et 17 ans, 58,8 % entre 18 et 21 ans et 32,1 % d'entre eux ont 22 ans et plus. En outre, 44,5 % n'ont aucun diplôme (niveau 1-2) tandis que 10,7 % seulement sont allés au-delà du baccalauréat (niveaux 5, 6 et 7-8).

Qualitatif

Pour la commission, après un premier bilan d'étape (voir ToutEduc ici), aujourd'hui la problématique serait plutôt d'ordre qualitatif, de nombreuses difficultés touchant encore le dispositif, à la fois en ce qui concerne l'entrée des jeunes, leur maintien dans le parcours et surtout l'aboutissement réussi en termes d'accès à l’emploi durable.

Afin que les jeunes puissent signer un contrat d’engagement jeune, “des efforts de visibilité sont à poursuivre pour éviter le non-recours“, estime en premier lieu la commission qui pointe notamment une communication “trop occasionnelle“ sur les activités et leur contenu. Elle souligne surtout une “nécessité d’apporter une meilleure lisibilité des critères d’orientation vers l’un des deux opérateurs du CEJ“ (France Travail et les missions locales, ndlr), ajoutant que “chaque conseiller étant soumis à des objectifs quantitatifs (portefeuille de 30 jeunes par conseiller France Travail par exemple), il peut arriver que certains jeunes soient maintenus dans le vivier afin de ‘faire du chiffre‘.“

De même, “les efforts d’intégration des jeunes en situation de décrochage scolaire ou universitaire doivent être poursuivis et évalués“, tandis que les projets en faveur des jeunes en rupture ne sont “pas encore assez structurés“, comme par exemple pour les ceux spécifiques aux “jeunes en rupture“ dont les conditions de réponse “restent contraignantes“ pour les porteurs de projet dans les territoires. Pour faciliter l’entrée des jeunes en difficulté, sont encore demandés des efforts d’assouplissement de certaines exigences du CEJ, entre autres au sujet des pièces administratives : “de nombreux acteurs font toujours part de la difficulté de récupérer l’avis d’imposition auprès des jeunes qui ne sont plus en lien avec leurs parents et/ou qui ne sont plus rattachés fiscalement à eux.“ Il s'agit encore du montant de l'allocation, “problématique pour les mineurs“, ou de la mobilité des jeunes, notamment dans les territoires ruraux et périurbains, zones blanches “dans lesquelles l’offre de services est moins riche, voire inexistante pour les jeunes“, qui sont de plus “mal équipés“ et ne peuvent bénéficier de l'offre de services en distanciel.

Abandons

La commission indique ensuite que la part des abandons constatés par les opérateurs s’élève à 5 %, soit près de 30 000 jeunes bénéficiaires du CEJ qui ont quitté le dispositif entre sa mise en place et le 8 novembre 2023.

Seulement pour cet autre conseiller, la difficulté majeure “est la mobilisation du public pour effectuer les 15h d’activités et le manque de moyens pour contrôler et valoriser les heures CEJ. Aujourd’hui les jeunes indiquent 15 heures uniquement pour pouvoir percevoir leur allocation, aucun moyen de vérifier si les actions en autonomie ont été réalisées. J’ai parfois l’impression, pour certains, que je leur apprends à mentir“.

Sont ainsi relevés des problèmes “d’assiduité et d’absentéisme chez les jeunes, en particulier ceux qui sont domiciliés en zone rurale“, et le système de sanctions, “même si ces dernières seraient prononcées après une phase de dialogue et de remobilisation du jeune, ne semble pas adapté aux caractéristiques du public cible.“ Il conviendrait dès lors d’assouplir et adapter les activités, mais aussi d'organiser des sessions spécifiques selon les difficultés rencontrées par les jeunes (logement, santé, ressources...).

Emploi durable

Enfin, selon le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse “il n’est malheureusement pas possible d’avoir des indicateurs stabilisés“ pour déterminer si l'objectif d'accession à un emploi durable est atteint. Sont en effet évoqués 86 % des jeunes entrés en CEJ en mars 2022 ayant accédé à un emploi dans les 18 mois qui ont suivi, ou encore 60 % de jeunes qui en novembre 2023 exercent un emploi un CDD de plus de six mois ou un CDI.. Or l'ensemble des jeunes inscrits en CEJ en missions locales ne serait pas considéré : “le nombre de jeunes suivis en CEJ par les missions locales et non-inscrits comme demandeurs d'emploi est estimé à environ 40 %.“

C'est pourquoi “un travail doit être par ailleurs effectué sur les jeunes qui se retrouvent sans solution à l’issue de leur accompagnement CEJ et au terme du versement de l’allocation. Ils sont souvent en risque de bascule très importante dans l’extrême pauvreté.“ Pour y remédier, il conviendrait de “faire évoluer le cadre réglementaire pour permettre aux jeunes sortant du CEJ sans solution et sous conditions de ressources de percevoir le RSA Jeune actif“, alors que “seulement quelques milliers de jeunes bénéficient aujourd’hui de ce soutien“, ou encore, comme l'a déjà préconisé le COJ, “d’ouvrir un revenu minimum garanti pour les jeunes dès 18 ans garantissant un accompagnement et le financement de celui-ci sans limitation de durée.“

Le rapport ici

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