Les groupes de niveau ne remettent pas en cause le collège unique (A. Oudéa-Castéra)
Paru dans Scolaire le mercredi 07 février 2024.
Les groupes de niveau ne remettent en cause "en rien" le collège unique, affirme Amélie Oudéa-Castéra entendue par les députés de la Commission des affaires culturelles et de l'éducation hier 6 février. Ces "groupes de niveau" ou "de besoin", et même "de progrès", s'inspirent de ce qui marche en Suisse ou au Danemark. "A l'inverse nous savons que les 'classes de niveau', elles, ne marchent pas et que partout où cela a été expérimenté, ce sont des impasses", affirme la ministre en charge de l'Education nationale. Les rectorats et les DASEN mettront en place des cellules d'aide à leur mise en place, la DGESCO publiera un Vademecum et prépare un "DGESCO tour" pour être "au plus près des territoires" et "s'il le faut, réallouer un certain nombre de moyens". La ministre précise par ailleurs que les SEGPA ne sont pas concernées par les groupes de niveau, mais que les enseignants de français et de mathématiques doivent pouvoir bénéficier de l'expérience de leurs collègues des sections d'enseignement général et professionnel adapté.
Si beaucoup des points évoqués reprennent des annonces déjà faites, au risque d'ailleurs d'être contredite par ses services, lorsque, par exemple, elle annonce la généralisation des classes "prépa-lycée" à la rentrée 2025 (voir ToutEduc ici) ou qu'elle se félicite de voir les enseignants du 1er degré prendre des parts de pacte pour assurer le soutien ou l'approfondissement pour des élèves de 6ème, la ministre a développé quelques éléments nouveaux.
C'est ainsi qu'elle entend travailler "des initiatives en matière de milieu de carrière" des enseignants, puisque c'est le moment d' "une baisse de motivation", que "près de 40 % d'entre eux sont prêts à changer de métier" et qu'un tiers "ne trouve plus de sens" à sa mission. Elle veut les accompagner dans la résolution de leurs difficultés et évoque à ce sujet "la taille des classes", mais aussi des problématiques d'action sociale, concernant le logement par exemple, ainsi que "la gestion des applicatifs informatiques" qui créent des "conditions de travail trop complexes". En ce qui concerne les mutations, une réflexion est en cours pour "une plus grande fluidité". Par ailleurs, A. Oudéa-Castéra annonce qu'un tiers des enseignants ont souscrit des parts de Pacte, et elle communiquera le bilan aux organisations syndicales la semaine prochaine, le 14 février.
A propos de la laïcité, la ministre indique qu'au mois de novembre, 120 élèves ont été exclus définitivement, 1 812 atteintes à ce principe signalées. Elle annonce aussi la création d'un groupe de travail avec les "sages" du Conseil de la laïcité sur le respect de ce principe dans les établissements privés sous contrat. Elle sera attentive "à la qualité des contrôles financiers, administratifs" dans ces établissements, mais aussi à l'application "pleine et entière" du protocole signé par Pap Ndiaye et le Secrétariat général de l'enseignement catholique“. Une base de données permettra d'assurer la transparence de l'information en ce qui concerne les conditions d'accès à ces établissements, l'évolution de la mixité sociale et scolaire, l'accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers.
En ce qui concerne les programmes et la pédagogie, sur l'éducation sexuelle, la ministre a demandé au président du Conseil supérieur des programmes de revoir sa copie, et elle attend une nouvelle mouture. Ses propos sont vivement constestés par la députée Fatiha Keloua Hachie (socialiste), membre du CSP. Par ailleurs, "une réflexion sera engagée" sur les programmes de Sciences économiques et sociales. Un appel à projet national sera lancé sur l'innovation, alors que 12 000 projets ont été déposés dans le cadre du CNR éducation, 6 000 validés et 90 M€ engagés. La ministre pense notamment à des expérimentations pour le renforcement de l'implantation de "la méthode de Singapour". Elle laisse par ailleurs entendre que seuls les manuels de français seraient labellisés. Elle indique que quelque 1 200 écoles se sont engagées dans l'expérimentation de cours d'empathie.
A noter encore que la ministre confirme qu'ont été créées à la fin de l'année 2023 des instances de concertation avec les élus en milieu rural, mais elle reconnaît qu'elles ne sont pas mises en oeuvre de façon homogène dans tous les départements, et elle écrit à ce sujet aux recteurs et aux DASEN.
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