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Les “2 heures supplémentaires d'activité physique et sportive“ pour les collégiens, un dispositif qui rate sa cible ? (INJEP)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 30 janvier 2024.

“Certains collégiens peu sportifs ont vraisemblablement eu des difficultés à percevoir que le dispositif leur était destiné et la présence d'élèves déjà très sportifs a pu les dissuader de participer“ constate Sonia Louhab, chargée d’études et d’évaluation à l'INJEP à propos de l'expérimentation des “deux heures hebdomadaires supplémentaires d'activité physique et sportive pour les collégiens“ (2HSC).

Publié lundi 29 janvier 2024, le rapport de l'INJEP analyse “la première année de déploiement“ de cette “initiative gouvernementale“ dont l'objectif principal est de “lutter contre l'inactivité des jeunes, prévenir le décrochage sportif et promouvoir le bien-être physique“. Si l'expérimentation portait sur 167 établissements à son démarrage en novembre 2022, elle s'est poursuivie un an plus tard, donc sans attendre cette évaluation, s'élargissant à la rentrée dernière auprès de 700 collèges.

Impact

Mais quels en sont les premiers résultats ? A la lecture du rapport de l'institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire, ceux-ci semblent très relatifs. Par exemple, les garçons “sont surreprésentés parmi les participants (57 %), tout comme les élèves de sixième (35 %) et de cinquième (30 %).“ Par ailleurs, 55 % des collégiens interrogés “se déclarent d’accord ou tout à fait d’accord avec l’idée que le dispositif n’a pas eu d’impact sur eux“, tandis qu'une majorité “déclarent que leur participation au programme ne semble pas avoir d’effets sur leurs résultats scolaires (61 %), ni sur leur attention en classe (57 %).“

Surtout, après une mise en place “graduelle“ de l'expérimentation au sein des établissements volontaires, 44 % d'entre eux s'étant seulement inscrits entre janvier et mars 2023, le rapport souligne que “les élèves les plus éloignés de la pratique sportive sont moins enclins à adhérer au dispositif puisque 9 volontaires sur 10 sont déjà impliqués dans des activités sportives en dehors de l'EPS“.

De plus, 17 % des collégiens qui se sont inscrits entre novembre et décembre 2022 ont mis fin à leur participation avant la fin de l'année scolaire, et sur la première année ce sont même un tiers des non-sportifs initialement inscrits qui ont “finalement décidé de quitter le dispositif‘, un pourcentage s'élevant à 38 % chez les filles.

Abandons

“Trop pénible ! On faisait les mêmes exercices tout le temps, on n’avait pas beaucoup de matchs. Moi je voulais m’amuser, au final c’était un vrai cours de sport.“ Comme pour cet élève interrogé dans l'enquête qualitative, les “décrocheurs“ ont mentionné comme motifs des “règles strictes encadrant les séances“, le “manque de liberté dans la pratique des activités sportives“.. ou encore une certaine “monotonie des activités“, 31 % des participants ayant choisi d'arrêter car ils ne prenaient pas pleinement de plaisir dans l'activité pratiquée. Il faut dire que la proposition faite aux collégiens “a consisté le plus souvent en des disciplines ‘traditionnelles‘ (notamment des sports collectifs), et plus rarement en du multisport ou des jeux sportifs“, ajoute Sonia Louhab.

En outre, certains collégiens “ont exprimé des inquiétudes quant à l'image du sport renvoyée comme élitiste et compétitive, ce qui a pu les intimider. La peur d'être jugé par d'autres, notamment par des sportifs plus expérimentés, a été identifiée comme un élément dissuasif.“

Non-sportifs

Chez les non-sportifs, cible principale de l'expérimentation, “le fait de ne pas aimer l'activité pratiquée dans le cadre du dispositif constitue le principal motif d'abandon“, une raison citée par 48 % d'entre eux contre seulement 31 % sur l'ensemble des participants. Il s'agit aussi de contraintes temporelles, 32 % des non-sportifs indiquant rencontrer des difficultés à concilier leur emploi du temps et les séances du dispositif.

Quant à l'ambiance et les relations avec les autres élèves pendant ces activités sportives, elles “sont perçues de manière négative par 8 % des non-sportifs“. Pour ce autre collégien justement : “le dispositif, on m’a fait comprendre que c’était pour s’amuser. Mais j’ai vu qu’il y avait les plus sportifs du collège qui y vont. Je sais que dès que je vais perdre la balle, je vais me faire crier dessus, qu’il y aura une mauvaise ambiance, et que je vais juste passer un mauvais moment. Du coup non, je ne veux pas y aller !“

Autres problématiques

Le rapport fait enfin valoir que les collégiens ayant reçu l'information concernant le dispositif par les membres de l'équipe éducative “ont eu tendance à ne pas percevoir l'aspect ludique de l'offre expérimentale, la comparant plutôt à des activités scolaires“. De plus, il s'avère que “les élèves n'ont pas toujours saisi les distinctions entre le dispositif et les clubs traditionnels“, une confusion “alimentée par la présentation prématurée de ‘passerelles‘ entre le dispositif et les clubs partenaires.“ Des difficultés faisant écho à “l'absence de processus de gouvernance bien établi et la difficulté à mobiliser des enseignants d'EPS volontaires pour coordonner et superviser la mise en œuvre du dispositif.“

Le rapport ici

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