Mixité sociale et enseignement privé : N. Vallaud-Belkacem propose de revenir sur la loi Debré (Le Monde)
Paru dans Scolaire le jeudi 25 janvier 2024.
"Les établissements privés participent incontestablement au renforcement de la ségrégation scolaire" et "il est grand temps de renouveler en profondeur les relations de l’Etat avec l’enseignement privé", estime Najat Vallaud-Belkacem. Dans une tribune publiée par Le Monde daté du 26 janvier, l'ancienne ministre socialiste de l'Education nationale ajoute que "rien ne justifie que ces établissements, financés par l’Etat et les collectivités à plus de 70 %, soient tenus à l’écart des objectifs de mixité sociale que le législateur a fixés au service public d’éducation, dont ils sont une composante".
Elle considère que l'Etat n'est pas dépourvu de moyens "pour redevenir un partenaire exigeant, selon un principe simple : la modulation des moyens des établissements en fonction des caractéristiques sociales des élèves (...), par l’application, par exemple, d’une surpondération attachée aux élèves défavorisés ou en difficulté scolaire qu’ils accueillent (...). Une réduction de dix points de l’indice de positionnement social des collèges privés est nécessaire pour les rapprocher de la composition sociale des collèges publics hors éducation prioritaire."
Najat Vallaud-Belkacem souligne qu'actuellement, "les relations entre l’Etat et les établissements privés dits précisément 'sous contrat' sont en réalité minimalistes : la majorité des établissements privés et des rectorats récemment visités par la Cour des comptes n’ont même pas été en situation de produire le 'contrat' d’association censé fixer le cadre de ces rapports."
Elle est consciente que "cela suppose de modifier la loi", mais considère qu'il est possible de le faire "sans rouvrir la guerre scolaire" et en garantissant le "caractère propre" des établissements, même si la voie "est étroite". Pour elle, "Emmanuel Macron ne peut ignorer qu’il ne saurait y avoir de 'réarmement civique' dans ce pays sans révolution de la mixité à l’école. Il n’est pas possible d’apprendre à vivre ensemble, à faire nation ensemble, sans avoir été au préalable scolarisés ensemble."