MNA : les Départements confrontés à l'augmentation des demandes (Localtis)
Paru dans Périscolaire, Orientation le mardi 23 janvier 2024.
Plusieurs départements ont suspendu, ou prévoient de suspendre l'accueil des MNA, mineurs non accompagnés, estimant qu'ils ne sont pas en mesure de faire face à "un afflux de jeunes qui n’est déjà plus tenable". Le site Localtis rend compte d'une conférence de presse organisée le 16 janvier 2023 par Frédéric Bierry, président de la collectivité européenne d’Alsace et vice-président de Départements de France.
Il indique que l'Alsace "accueille aujourd’hui un peu plus de 900 MNA, c’est 200 de plus qu’il y a un an" tandis que le Territoire de Belfort a voté "le plafonnement du nombre de MNA accueillis", que le département de l’Ain annonce "une suspension temporaire d’au moins trois mois" de l’accueil des MNA, expliquant ne plus avoir de "solutions, ni temporaires, ni pérennes" pour prendre en charge ces jeunes. Le tribunal administratif de Lyon a suspendu cette décision. Cela n'empêche pas la Vienne, le Jura et le Vaucluse de prendre "des décisions similaires" tandis que les associations d'aide aux migrants se préparent à déposer des recours.
Au niveau national, les départements dépenseraient quelque 2 Mds€ pour l'accueil des MNA, "un budget qui a augmenté de près de 20 % entre 2018 et 2022". Les départements auraient accueilli 17 000 MNA supplémentaires en 2023, "ce qui porterait leur nombre à 44 000 sur le territoire", selon Départements de France. S'ajoutent à ce nombre ceux qui ne sont pas reconnus comme mineurs, soit les deux tiers de ceux qui se déclarent mineurs et dont les Départements doivent assurer la mise à l’abri durant la phase d’évaluation de leur âge. "Ces moyens importants pour évaluer des personnes qui sont majeures sont autant de moyens qu’on n’utilise pas pour s’occuper des mineurs", regrette Frédéric Bierry.
De nombreux Départements soutiennent les MNA lorsqu'ils atteignent leurs 18 ans. "Quand on a investi trois ans, quatre ans, c’est quand même du gâchis que les jeunes se retrouvent ensuite dans l’impossibilité de travailler alors qu’ils s’étaient intégrés", estime Frédéric Bierry qui évoque leur "volonté manifeste" d’apprendre le français, de se former, de trouver un emploi rapidement et de s’intégrer.
Les Départements demandent donc à l'Etat de les soutenir financièrement, mais sans les déposséder de cette mission pour laquelle ils ont développé leur expertise. Ils attendent de connaître "les contours de la mobilisation État-départements" pour la protection de l’enfance, promise par Élisabeth Borne en novembre dernier".
Le site de Localtis ici