Enseignement des fondamentaux : réussite au Maroc de la méthode TARL, S.Bissonnette y voit un succès de la "méthode explicite"
Paru dans Scolaire le mardi 02 janvier 2024.
Alors que seuls 9 % des élèves de niveau CE1 maîtrisaient l'addition en début d'année, cette proportion est passée à 61% en quelques semaines, et en lecture au niveau CE2, la proportion d'élèves maîtrisant la lecture de mots simples est passée de 20 à 59 % se félicite sur X (anciennement Tweeter), hier 1er janvier, le chercheur Steve Bissonnette qui participe avec son collègue Clermont Gauthier au programme TARL (teach at the right level, enseigner au bon niveau) expérimenté au Maroc et qui implique 63 000 élèves. Le Québecois y voit "les premiers effets de l'enseignement explicite dans une politique préventive" et il évoque des données non encore publiées.
Il publie à l'appui de son post un communiqué du ministère marocain de l'Education nationale daté du mois de novembre et qui fait état des progrès spectaculaires des quelque 300 000 élèves d'écoles où est expérimenté la méthode. L'expérimentation de cette méthode a toutefois fait l'objet des gros titres au mois de février 2023 (donc durant l'année scolaire précédente) après que le ministre de l’éducation nationale, Chakib Benmoussa, est venu s’enquérir "des avancées de la méthode" dans une école de Tamesna, non loin de Rabat, l'une des 200 écoles qui expérimentaient déjà la méthode et où les progrès étaient du même ordre.
Notre confrère de La Vie Eco présente ainsi la méthode : "accélérer les acquisitions des compétences fondamentales de base (lire, écrire et faire des calculs) par les élèves à travers des activités fun, ludiques et engageantes", par exemple "apprendre une table de multiplication tout en jouant à la marelle" ou reconstituer des mots et des phrases avec des lettres ou des mots éparpillés au sol. Les élèves ont "la possibilité de s’engager activement et avec imagination avec les personnes, les objets et l’environnement". Leur réussite dépend de "plusieurs facteurs, à commencer par avoir des objectifs clairs et précis de pédagogie". Etait alors prévue l'extension à 100 000 élèves pour l'année scolaire 2023-2024 (en fait donc 63 000) et quelque 5 000 enseignants devaient être formés.
TARL a été développée par l’ONG indienne Pratham (soutenue par Esther Duflo) et "appliquée dans plus de 30 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, avec des résultats notables". Toujours selon notre confrère marocain, elle est "basée sur la pédagogie dite active, elle permet d’améliorer la compréhension, la mémorisation et la capacité des élèves à résoudre des problèmes, mais aussi leur motivation à apprendre et à travailler en groupe. Dans un premier temps, les élèves sont évalués grâce à un outil simple. Puis, pendant 1h 30 par jour (durant une période déterminée ou tout au long de l’année), ils sont regroupés en fonction de leur niveau de compétence. Une fois en groupe, des activités et matériels adaptés à leur niveau sont utilisés. Le programme scolaire classique est abandonné pour se focaliser sur des méthodes participatives et ludiques."
A noter que la pédagogie explicite est souvent opposée aux pédagogies actives.
Le poste de S. Bissonnette ici, le site de La vie éco ici, le site de Pratham ici