Fille ou garçon ? Le décryptage du choix des parents de s'informer sur le sexe de leur futur enfant (INED)
Paru dans Petite enfance le mercredi 27 décembre 2023.
“Le phénomène est massif“ estime l'INED dans une étude sur l'identification prénatale du sexe publiée le 20 décembre.
89 % des mères et 84 % des pères sondés lors de l'étude Elfe ont en effet déclaré avoir demandé à connaître le sexe de leur futur enfant, alors que l’information sur le sexe du fœtus, présente dans le cadre du suivi de la grossesse, est généralement donnée au 5ème mois de grossesse, lors de la deuxième échographie, bien qu'elle “ne constitue pas une donnée médicale nécessaire à établir son bon développement“.
Il s'agit donc davantage d'une “pratique sociale“, indiquent Olivia Samuel, Carole Brugeilles, Christine Hamelin, Anne Paillet et Agnès Pélage, que les mères réalisent seules dans 7 % des cas, c'est à dire sans que l’on puisse savoir si le père ne souhaitait pas savoir ou parce qu’il n’était pas présent lors de l’échographie, la situation inverse (le choix du père seul) représentant uniquement 2 % des cas.
Diplôme et âge
Les auteurs constatent également que moins les parents sont diplômés, plus ils sont nombreux à demander s’ils attendent une fille ou un garçon : “les couples qui ne souhaitent pas savoir sont trois fois plus nombreux dans les milieux fortement diplômés (15 %) que dans les milieux faiblement diplômés (5 %)“. C'est ainsi que par exemple, “les couples diplômés ont tendance à afficher une relative distance concernant les nombreuses injonctions sociales à sexuer les préparatifs de l’accueil d’un enfant à naître“, explique l'INED qui ajoute la propension à résister aux normes sociales dominantes, la recherche de pratiques distinctives ou encore la tolérance à l’incertitude aux raisons induites par cette variation en fonction du diplôme.
Dans une moindre mesure, l'âge des parents peut jouer sur l’identification précoce du sexe de l’enfant à naître, ceux de moins de trente ans ayant demandé plus souvent que les autres à le connaître, avec plus précisément les mères de moins de 25 ans qui sont 97 % à avoir demandé le sexe, contre 92 % des 25-29 ans et 89 % des 30 ans et plus. Etre parents pour la première fois est également associé à une demande légèrement plus fréquente de cette information : 92,5 % au premier enfant contre 90 % quand il y en a déjà d’autres.
Autres facteurs
Dans les familles qui avaient déjà au moins un enfant, la demande dépend en partie du sexe des aîné.es. Ainsi l’aspiration à un “équilibre“ sexué entraîne chez les parents de deux enfants qui n’ont eu que des garçons ou que des filles une plus forte demande d'information sur le sexe, que lorsqu’ils ont déjà une descendance mixte.
A noter également que, s'ils déclarent autant de préférence ou d’indifférence pour le sexe de l’enfant à naître que les parents peu ou pas pratiquants, “les mères et, dans une moindre mesure, les pères qui pratiquent régulièrement une religion demandent nettement moins souvent que les autres à connaître le sexe pendant la grossesse“.
Les conditions d’accès à l'information jouent également un rôle, à savoir le ou la professionnel.le assurant le suivi prénatal (spécialiste en obstétrique ou généraliste), le nombre de consultations et échographies (ce qui renvoie aux moyens techniques disponibles pour les réaliser). Tandis que sept visites prénatales et trois échographies sont préconisées au cours de la grossesse, 65 % des femmes ont eu huit visites ou plus et 64 % ont eu plus de trois échographies. Pour l'Institut national d'études démographiques, cela pourrait dès lors constituer un “effet d'aubaine“ créé par des visites qui sont “autant d’occasions de savoir“ (cela peut aussi être lié à des problèmes médicaux), car lorsque la femme a eu de nombreuses visites prénatales ou échographies, les couples ont un peu plus souvent demandé à savoir le sexe de l’enfant.
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