D'où vient l'Education populaire? (colloque)
Paru dans Périscolaire, Culture le mardi 24 août 2010.
Qui sont les cadres de l'éducation populaire? La documentation francaise publie les actes d'un colloque qui montre "des cadres hors-cadre", qui "se sont très longtemps revendiqués comme des anti-modèles de fonctionnaires et se sont démarqués de l'école", même lorsqu'ils sont enseignants. Les contributions, diverses et nombreuses, qui cherchent à répondre à la question posée, d'où viennent ces cadres, comment ont-ils été formés, dans l'entre-deux guerres, par Vichy, par la Résistance, après la Libération, par l'Etat gaulliste? s'en posent en réalité une autre: qu'est-ce que l'éducation populaire?
Elle est d'abord marquée par les souvenirs des tranchées, et par la figure du chef d'escouade, qui "souffre et vit avec ses hommes, antithèse du planqué et du galonné de l'arrière". Mais Vichy et sa "mystique antidémocratique du chef" ruinent cet idéal. "A la Libération, les termes d'inspecteur, d'instructeur, de directeur (...) sont utilisés", l'élitisme est réel, mais "mal assumé", et l'éducation populaire apparaît comme "un moyen de poursuivre des carrières que l'Education nationale n'assure pas", surtout quand on veut faire de la pédagogie, mais différemment de ce qui se fait en classe.
La IVème aurait voulu faire de l'éducation populaire son "oeuvre emblématique", mais elle n'y parvient pas, et se constitue de fait "un service public parallèle", "un creuset d'idées pour l'Etat", au service d'une jeunesse idéalisée: "le culte de la jeunesse, par laquelle passerait toute innovation, pourrait être une incarnation du refus de la société telle qu'elle est". Pascale Goetschel et Rémi Fabre, qui signent la conclusion du colloque, évoquent un "profond optimisme dans la croyance d'une possible amélioration des jeunes hommes et femmes par l'éducation populaire".
L'index des noms de personnes et la liste des associations ou mouvements constituent un remarquable annuaire de l'éducation populaire.
"Cadres de jeunesse et d'éducation populaire, 1918-1971", La Documentation française, 330 p., 30 €.