L'EPS, une discipline comme les autres ? (revue EP&S)
Paru dans Scolaire le mardi 26 décembre 2023.
La revue EP&S, Education physique et sport, a publié dans son numéro 400 une interview de Gabriel Attal (voir ToutEduc ici), mais ce numéro est aussi l'occasion de revenir sur plus de 70 années de publication, depuis l'été 1950 et de s'interroger sur les spécificités de l'EPS. Certains des articles concernent plus généralement le système scolaire, comme celui d'Yves et Gisèle Jean sur l'enseignement en milieu rural, d'autres, parfois assez techniques, évoquent la spécificité de l'EPS. Fabrice Delsahut (INSPE de Paris) souligne ainsi que l'Education physique "a été historiquement trop souvent perçue comme une discipline (...) au service des autres disciplines", notamment à l'école maternelle et il appelle à une "révolution copernicienne" pour que les besoins de l'enfant et son développement psychomoteur "soient clairement identifiés".
Plusieurs contributions font le lien entre cette discipline spécifique qu'est l'Education physique et sportive et le système scolaire. C'est ainsi qu'Aziz Jellab (IGESR) revient sur le test PISA qui nous apprend que les élèves français sont parmi ceux qui ont le moins confiance en leurs capacités et compétences. "Or la confiance ne se décrète pas, elle se construit dans le cadre d'une réelle éducation à la confiance (...). C'est ainsi que l'EPS occupe une place de choix pour cette éducation car le corps comme le rapport aux autres sont en jeu, sont aussi parfois mis en danger, ce qui n'est pas sans effet sur le niveau d'enseignement des élèves."
Philippe Meirieu (Lyon 2) "trouve l'orientation actuelle de l'EPS centrée sur des enjeux sanitaires particulièrement simplistes" et il ajoute que, comme pour bien d'autres disciplines, "faute de s'interroger sur les finalités, on se replie sur les utilités". Il ne considère d'ailleurs pas l'EPS comme "une discipline du corps" mais comme "une discipline du sujet", ou plutôt comme "une discipline du corps habité par une intention". Le clivage entre le travail intellectuel et les activités physique est "absurde" car le "faire concrètement" qui implique le corps "est la condition de la construction de l'attention et l'attention est la condition de l'accès à l'abstraction". Et l'EPS s'inscrit "dans une perspective de formation citoyenne au sursis, à la pulsion, au travail de la réflexibilité (...). Autant de finalités fondamentales qu'elle partage avec l'ensemble des disciplines scolaires et qui lui permettent (...) de travailler de plain pied avec elles".
Le site de la revue ici