Violences faites aux enseignants : il faut tout signaler, estime Eric Dupond-Moretti devant les sénateurs
Paru dans Scolaire le jeudi 21 décembre 2023.
"Une réponse coordonnée, immédiate, ferme et dissuasive" doit être apportée aux "pressions, menaces et agressions dont les enseignants sont victimes". C'est l'essentiel des propos que le ministre de la Justice a tenus aux sénateurs de la "mission conjointe" sur ce thème, hier 20 décembre. Eric Dupond-Moretti insiste, il est "essentiel" que "tout acte répréhensible ou porteur d'une menace soit porté à la connaissance de l'autorité judiciaire et de l'autorité administrative". Il ne faut plus "attendre que les choses se passent" pour "déceler les signaux les plus faibles", ce qui suppose que les signalements des enseignants soient transmis aux services de renseignement qui les analysent. Comme les représentants de la police et de la gendarmerie la semaine dernière (voir ToutEduc ici), il met l'accent sur l'importance de "fluidifier les circuits d'information".
"On est en train d'élaborer avec l'Education nationale une trame pour harmoniser les signalements“. Il détaille les textes, lois et circulaires qui depuis 2005 tendaient déjà à "renforcer les partenariats" et à donner "le mode d'emploi" : il faut qu'un chef d'établissement "sache sur quel bouton appuyer", qu'il connaisse les "référents" qu'il peut trouver parmi les forces de l'ordre et les magistrats. L'ancien avocat évoque d'ailleurs avec un plaisir manifeste la surprise qu'on eue les procureurs, peu habitués à l'interministériel, lorsqu'il les a réunis en présence des ministres de l'Education nationale et de l'Intérieur à l'occasion de la mise en place de référents justice, qui savent "distinguer une chamaillerie d'un harcèlement" lorsqu'on leur transmet une information.
Après avoir rappelé que la loi du 24 août 2021 a créé le délit d’entrave à la fonction d’enseignant, il détaille le processus : l'enseignant.e s'adresse à sa hiérarchie qui l'accompagne dans le dépôt de plainte, il-elle est reçu.e par un policier ou un gendarme référent, donc formé, qui prend sa plainte et l'adresse à une association locale d'aide aux victimes et qui peut aussi le-la domicilier dans son établissement ou au commissariat ou à la gendarmerie pour que son adresse personnelle n'apparaisse pas. Il-elle peut aussi aller directement sur le site masecurite.fr.
Si le ministre affiche une position de fermeté, il met aussi en exergue l'importance des médiations, "extraordinairement utiles avec les familles". Il s'agit de "sanctionner les parents défaillants" mais pas "les parents dépassés" et il faut "aller sur le terrain de la parentalité". Mais à une question sur la tentation, dans un centre aéré de remplacer par un lalalala le "alléluia" de la chanson que Claude Nougaro à consacrée à Armstrong parce qu'un élève refusait de prononcer ces syllabes, le ministre répond qu'il ne faut pas céder, mais signaler ce type de comportement qui peut trouver sa place parmi d'autres signaux faibles, et il ajoute : "On fait tout pour qu'il y ait des vagues !"
La vidéo de son audition ici