L'IGESR souhaite continuer à favoriser l'accession des bacheliers pros au BTS sur avis du conseil de classe
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 11 décembre 2023.
“On observe un indéniable effet positif des avis favorables sur l’accession en section de technicien supérieur pour les bacheliers en disposant." L'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche publiait, lundi 4 décembre, un rapport sur le dispositif permettant depuis 2017 l'affectation prioritaire en STS des bacheliers professionnels ayant obtenu un avis très favorable du conseil de classe de leur établissement d'origine.
Est en effet constaté que 30 732 sur les 34 236 candidats ayant un avis favorable (et qui ont confirmé au moins un voeu en BTS sur Parcoursup, ndlr), soit près de 90 % d’entre eux, ont reçu une proposition d’admission dans un établissement public“, contre 43 % de ceux sans avis favorable, ce qui permet de “doubler les chances d’obtenir une proposition d’admission en BTS en 2022.“
Néanmoins, la mission retient une “très grande hétérogénéité des pratiques d’un établissement à l’autre“, certains ayant “tendance à donner facilement l’avis très satisfaisant à tous (ou presque tous) les élèves alors que d’autres sont plus ‘sévères‘ et ne l’attribuent qu’aux meilleurs élèves“. Il y a aussi des équipes qui “donnent un avis très satisfaisant aux élèves sans tenir compte des spécialités de STS envisagées“, un avis pouvant être “également attribué à des élèves dont les résultats scolaires sont moyens mais dont les enseignants pensent que le jeune a le potentiel et qu’il va gagner en maturité pour réussir“, tandis que certains établissements “ont construit une grille d’analyse permettant de porter l’avis sur la fiche avenir“ et que d'autres “prennent appui sur celle proposée par l’académie.“
Plusieurs commentaires font référence à la réforme en cours de la voie professionnelle : alors que “de manière générale, la réussite des bacheliers professionnels à l’examen du brevet de technicien supérieur est inférieure de 15 à 25 points à celle des autres types de baccalauréats“, est par exemple indiqué que “les établissements qui n’accueillent pas d’élèves en formation en baccalauréat professionnel connaissent mal le parcours des élèves au LP. Il arrive que des enseignants de STS s’interrogent sur les faibles connaissances acquises par les élèves pendant leur baccalauréat professionnel et estiment qu’il ne faudrait pas que ces élèves soient affectés en STS. Certains émettent le souhait d’une année propédeutique à l’entrée en STS.“
De même, la plupart des élèves rencontrés lors de l’enquête, constate-t-elle, “témoignent d’une préparation à l’utilisation de Parcoursup et au choix des vœux, mais peu signalent des heures de formation spécifiques dédiées au renforcement et à la préparation disciplinaire et méthodologique favorables à la réussite en STS. La réforme du lycée professionnel comporte un certain nombre de mesures pour favoriser cette réussite."
Trois scénarios sont au final proposés par l'IGESR, mais il ne conviendrait pas de poursuivre le dispositif tel qu'initialement conçu, notamment au regard du “sentiment des équipes de STS d’être dessaisies du recrutement puisqu’elles classent des dossiers alors que finalement des candidats prioritaires sont reclassés en fonction de l’avis favorable délivré par le conseil de classe.“
Il ne s'agirait pas non plus de le stopper, mais de le faire évoluer, entre autres en interclassant des avis “favorable“ et “non favorable“, les équipes auraient alors “la possibilité de classer des bacheliers professionnels sans avis favorable avant des bacheliers professionnels avec avis favorable, mais avec obligation de classer tous ceux disposant d’un avis favorable“. Il conviendrait encore de se doter de grilles d’évaluation harmonisées “pour améliorer la confiance dans les avis portés par les conseils de classe de terminale et l’objectivation des critères d’attribution de l’avis favorable“.
L'IGESR semble noter d'ailleurs que cette politique qui vise à “augmenter le taux de poursuite d’études“ a ses limites, la part des bacheliers professionnels poursuivant un BTS semblant “avoir atteint un palier“, leur progression étant désormais due à une diminution de la part des autres néobacheliers, à laquelle s'ajoute depuis deux ans “une forte désaffection des filières de STS sous statut scolaire.“
Le rapport ici