Gabriel Attal s'appuie sur "la science" pour réformer l'ensemble du système scolaire
Paru dans Scolaire le mardi 05 décembre 2023.
“C'est le résultat de la réforme du collège de 2013 qui a conduit à fragiliser le niveau des élèves“, déclare Gabriel Attal ce mardi 5 décembre durant sa conférence de presse annonçant les mesures qu'il souhaite prendre pour conduire à élever le niveau des élèves.
Bien que le ministre affirme ne pas vouloir “mettre l'intérêt politique au dessus de l'intérêt de l'école“, son discours l'est bien, quand celui-ci évoque notamment “le risque de fracture scolaire“, le besoin d' “accélérer“ la politique du président de la République qui a produit “des résultats“, et un “électrochoc“ concocté en 8 semaines pour opérer un “sursaut“ capable de “remettre de l'exigence dans les savoirs fondamentaux“.
Le discours s'appuie sur des questions de morale, évoquant le besoin de “refuser le déni“ sur les résultats des élèves, de transparence, de dire la vérité... tout en utilisant au maximum l'apport intangible de la science, qui telle une boussole, accompagnée du “bon sens“ permet “de savoir quelles méthodes, quels contenus pédagogiques permettent d'élever le niveau“.
D'ailleurs, les membres du Conseil scientifique de l'Education (CSEN) seront les premiers qui permettront d'agir sur les connaissances, le ministre leur ayant demandé de revoir les programmes scolaires selon quatre principes : clarté, exigence, science, culture générale (cette dernière comprenant des repères créés et introduits tout au long de la scolarité).
Gabriel Attal a ensuite annoncé un ensemble de mesures pour l'école, le collège et le lycée qui serviront le “choc des savoirs“.
1er degré : programmes, manuels, remédiation
Dans le 1er degré, il est donc question de la création d'une “vraie primaire des fondamentaux“ avec la révision du socle commun et des nouveaux programmes en maternelle, CP, CE1, CE2 dès la rentrée 2024, et en septembre de l'année suivante pour les CM1 et CM2.
Il s'agit également de travailler sur les manuels scolaires, qui manquent dans les classes (60 % d'élèves de CP n'en auraient pas) et à la qualité “hétérogène“, en aidant les collectivités au financement d'un manuel de lecture et de mathématiques en CP et CE1 (soit plusieurs dizaines de millions d'euros), et en les labellisant afin d'être “sûr“ de leur qualité. En outre, comme au Japon et Portugal, un organisme sera chargé “sur la base de la science“ de procéder à cette labellisation, qui sera effective aux rentrées 2024 (CP et CE1) et 2025 (CE2 à CM2).
A été précisé que la "méthode de Singapour" sera adoptée en mathématiques dès la rentrée 2024, avec une anticipation de l'apprentissage de certaines notions dans les programmes, comme par exemple les fractions et nombre décimaux qui seront avancés du CM1 au CE1 “de manière très concrète par la manipulation des objets“.
Concernant le redoublement, “la décision appartient aux enseignants“ estime enfin Gabriel Attal, ces derniers dont l'autorité s'était “progressivement affaiblie“ au fil du temps auront donc le “dernier mot“ dans le parcours de l'élève, avec la possibilité de proposer soit un “passage sous conditions“ avec l'instauration d'une remédiation (APC, tutorat, stages de réussite..), soit un simple redoublement. Cette décision “s'appuie sur des travaux scientifiques“ selon lesquels ces dispositifs peuvent “bel et bien favoriser la réussite scolaire“.
Collège : volumes horaires, brevet, organisation des cours
Dans le second degré, le collège est le “coeur“ de la réforme, en raison d'un “glissement vers une forme de collège plus uniforme que vraiment unique“ dont il est question de sortir.
Pour cela, là encore les programmes seront revisités, à l'horizon 2025 pour ceux de 6ème, 2026 pour les 5ème, 4ème, 3ème, concernant surtout les compétences en langues, matières pour lesquelles “les élèves n'ont pas de véritable programme“, et en mathématiques. Le brevet sera adapté en conséquence.
Ensuite, la “science“ ayant “confirmé que les élèves progressent mieux en étant mieux accompagnés, avec de plus petites classes“, des groupes de niveaux seront mis en place au sein des classes (en 2024 pour les 6èmes et 5èmes, en 2025 pour les 4èmes et 3èmes), les professeurs souhaitant (selon le questionnaire renseigné par 230 000 d'entre eux pendant les dernières vacances, ndlr) “pouvoir mieux différencier les enseignements en fonction du niveau“ des élèves, ce qui passera par un plan de formation et de recrutement de plusieurs milliers de professeurs sur la durée du quinquennat, dont un nouveau schéma d'emploi sera présenté aux organisations syndicales, affirme-t-il. Ainsi, trois groupes de niveaux seront créés au sein des classes, pour le maths et le français, les élèves ayant le plus de difficultés étant regroupés par quinzaine au maximum pour un enseignant, et il sera possible de changer de groupe.
Quant au brevet, il doit “retrouver un sens aujourd'hui perdu“ alors qu'est constaté un “affaissement du niveau d'exigence“. Le poids de la note de l'examen comptera pour 60 % de la note finale et les “correctifs académiques“ (un 8/20 pouvant se transformer en 12) seront supprimés dès cet année. Pour la session 2025, le contrôle continu comptera pour 40 % et non 50 % de la note, tandis qu'il sera mis fin au système des blocs de compétences pour établir la moyenne.
Le ministre veut d'ailleurs faire du brevet “un examen d'entrée au lycée“, néanmoins, l'élève qui échoue ne fera pas un redoublement à l'identique mais une classe prépa-lycée, un dispositif qui sera mis en place en 2024-25 pour les élèves entrant en lycée en septembre 2025.
Lycée
Au lycée, c'est le retour de la notion “d'excellence“ avec comme “tournant majeur“ la création d'une épreuve anticipée de culture mathématiques et scientifique pour les élèves de 1ère en 2026.
Pour les lycées professionnels, Carole Grandjean a “décidé d'attribuer des mentions aux élèves de CAP, brevet professionnel et de mention complémentaire dès la rentrée 2024“. En français et mathématiques, seront généralisés les groupes à effectifs réduits en 2nde et 1ère bac pro, à l'aide d'un “redéploiement d'heures“, et de 500 nouveaux formateurs (via Profan) dédiés à la formation continue des enseignants en lien avec ces apprentissages.
Concernant les nouvelles technologies, Gabriel Attal “préfère choisir plutôt que subir“, c'est pourquoi il choisit de faire de la France le premier pays au monde à généraliser, via l'outil “MIA seconde“, l'intelligence artificielle à toute une classe d'âge. Ce sont 20 000 exercices que propose un algorithme qui s'adapte à chaque élève et à sa progression, qui seront accessibles à 200 000 élèves dès février prochain, avant leur généralisation à la rentrée 2024.