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A Paris, patronat et lycées professionnels évoquent les difficultés concrètes de l'alliance Ecole-Entreprise

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 30 novembre 2023.

“Il faut qu'il y ait de la communication sur le retour d'expérience, comme une sorte de bilan de fin stage, mais aussi que l'on puisse influer sur les programmes pour que les formations puissent s'enrichir“, déclarait mercredi 29 novembre Christophe Harrigan, PDG de la Mutuelle Générale, invité comme plusieurs entreprises adhérentes du Medef à discuter avec huit proviseurs de lycées professionnels des besoins des différents acteurs pour favoriser la relation école-entreprise.

Cédric Carraro (membre du SNPDEN, ndlr), le proviseur du lycée professionnel parisien Marcel Deprez (11ème arrondissement) où se déroulait ce temps d'échange, souhaite par ce biais que les entreprises puissent “dire ce qu'elles peuvent nous apporter, nous aider à améliorer en gardant notre identité d'établissement de formation généraliste et sans forcément flécher toutes nos formations pour les besoins d'une entreprise en particulier“. Il met en avant le projet de “ruches connectées“, des abeilles installées par des élèves sur le toit de l'établissement, chef d'oeuvre qu'il lie à un “enjeu de visibilité“ pour la voie professionnelle.

Résultats mesurables

Si la table-ronde a justement lieu durant la semaine école-entreprise qui a vocation à rapprocher deux univers toujours décrits comme éloignés, pour Patrick Martin “si on peut se parler pendant 52 semaines c'est mieux“. Pour le président du Medef de toute façon, la démarche est claire, les chefs d'entreprises qu'il représente “n'auront pas d'autre choix que de s'y intéresser“ au regard des besoins en compétences et des tensions de recrutement, c'est pourquoi il insiste sur sa volonté de voir s'établir une relation continue avec l'école et souhaite “que ses résultats soient mesurables“, même si, avoue-t-il, “cela ne sera pas simple“ en termes de durée des stages et du nombre d'élèves concernés.

Mais de quoi ont besoin les lycées professionnels ? Quelles sont leurs difficultés et comment les entreprises peuvent-elles soutenir l'enseignement ?

Plusieurs intervenants ont évoqué le rôle positif des Comités Locaux École Entreprise (CLEE), dont Laurent Falconieri, DG de la compagnie du SAV, qui vient de monter une mention complémentaire dans le domaine de la réparation à domicile, où 5 000 jeunes sont recherchés, fait valoir un “besoin d'énergie et un d'aller vite“ pour que les jeunes puissent “se former rapidement et avoir un CDI à la clé“.

Frédérique Brugue, proviseure du lycée professionnel de Chennevière-Malézieux et également copilote d'un CLEE, souligne le “besoin de faire venir les entreprises pour faire découvrir les plateaux techniques“, estimant que le LP “est un vrai lieu de rencontre“, notamment pour les collégiens “qui sont vraiment le public à viser“. Une vitrine pour les patrons comme pour les élèves, estime d'ailleurs Christophe Kerrero, recteur de l'académie de Paris pour qui “on est très loin des usines du 19ème siècle“. D'ailleurs, il est question d'un parcours clé en main (une convention de partenariats entre 6 entreprises et plusieurs collèges va être signée à ce titre, ndlr) pour que les collégiens puissent découvrir une entreprise car “l'enjeu, c'est l'orientation“ considère-t-il. Mais organiser des demi-journées pour tous les 5èmes, cela nécessite des entreprises candidates “en nombre, de manière industrielle“. Un changement de paradigme qui suppose de “secouer les adhérents“, assure Patrick Martin : “on ne peut pas dire que l'Education nationale ne forme pas aux compétences, aux savoirs-faire ou aux savoir-être et ne pas accueillir les jeunes en stage“.

Codes

D'ailleurs, la maturité des élèves de lycée professionnel lors des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) est une des autres difficultés relevées. Olivier Tang, directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques (DDFPT) au lycée professionnel Galilée à Paris, évoque les codes de savoir-être, “très importants dans l'entreprise mais qui ne sont pas marqués dans les référentiels“ et que les jeunes ne maîtrisent pas à 15 ans, or il faut selon lui “les apprendre avant d'apprendre un métier“, d'où des difficultés de placement (il cite un taux de 70 %) dans les entreprises.

Il s'agit encore, dans les procédures d'orientation, “que l'on cible les enseignants et les parents“ ajoute Jean-François Barle, directeur académique des services de l'Éducation nationale (DASEN) chargé des lycées à l'académie de Paris, afin de déconstruire les idées reçues et stéréotypes sur la voie professionnelle, mais que ce travail de conviction passe aussi par des productions concrètes allant “jusqu'à la réflexion sur la commercialisation du produit“.

La parole de ceux qui travaillent

L'apport que peut avoir l’entreprenariat dans tous les corps de métier, c'est enfin “la parole de ceux qui travaillent, qu'ils soient avec nous pour présenter leur métier“ raconte enfin Sylvie Perichon, du lycée professionnel, général et technologique Martin Nadaud qui raconte l'histoire d'une enseignante souhaitant faire venir dans des formations tertiaires un pâtisser qui a créé sa micro-entreprise, ce qui permet de montrer que “la gestion-administration c'est partout, ça ne se limite pas à l'immobilier“.

Si une certaine “dynamique de rapprochement“ serait à l'oeuvre, Christophe Kerrero soulignant par exemple l'importance de “jouer l'aller vers“ le lycée professionnel, Patrick Martin des efforts à faire “pour mieux nous comprendre et mieux nous faire comprendre“, dans une sorte de donnant-donnant appuyé par le contexte économique, on regrettera que les élèves n'aient pas été invités à dire ce qu'ils en attendent.

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