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Pourquoi la mixité sociale en milieu scolaire doit-elle être recherchée ? (note de l'IPP)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 21 novembre 2023.

Quelle est la légitimité d'une politique d'accroissement de la mixité sociale en milieu scolaire ? C'est, en substance, la question posée par le CEE (Conseil d’évaluation de l’École) à l'IPP (Institut des politiques publiques) qui publie ce  21 novembre une note qui présente une synthèse "des principaux résultats d’une revue de littérature".

Les auteurs proposent d'abord une description de la ségrégation scolaire. Elle est, "pour partie, le reflet de la ségrégation résidentielle", mais les préférences des familles et le fonctionnement du système éducatif agissent également "sur le niveau de ségrégation scolaire, à situation résidentielle donnée". Ils soulignent de plus qu' "au sein d’un même établissement scolaire, il peut exister des déséquilibres de composition entre les différentes classes. La ségrégation au sein des établissements se substitue alors à la ségrégation entre les établissements."

Mais quels en sont les effets ? La littérature empirique est importante aux USA et au Danemark. Elle "démontre que les effets de court terme du groupe de pairs sur les performances scolaires d’un élève, mesurées par la réussite aux tests standardisés, sont d’ampleur modérée (...). Les élèves dont le niveau initial est le plus faible sont ceux qui bénéficient le plus de la présence d’élèves de bon niveau dans leur classe (...). Les effets sont plus ambigus pour les élèves de bon niveau scolaire, pour lesquels certaines études concluent à des effets positifs liés à l’exposition à des pairs de bon niveau scolaire, quand d’autres parviennent aux conclusions inverses."

Toutefois "les craintes que peuvent susciter les politiques de mixité" en termes de "nivellement par le bas" ne sont pas justifiées dans la mesure où "la composition des pairs exerce à elle seule une influence mineure", alors que d’autres facteurs telle que la capacité des enseignants à faire progresser leurs élèves sont déterminants. Or "la composition sociale et scolaire des établissements détermine leur capacité à attirer des enseignants qualifiés et expérimentés". En égalisant l’attractivité des établissements par l’accueil d’un public plus mixte, les politiques de déségrégation "peuvent contribuer à favoriser une distribution plus homogène des enseignants selon leur niveau d’ancienneté et de qualification (contractuels, certifiés, agrégés) entre les établissements".

En revanche, les effets à long terme seraient assez nets. Aux États-Unis, les élèves visés par des programmes de déségrégation, "majoritairement issus de minorités ethniques et socialement défavorisés", ont connu une augmentation de la probabilité de poursuivre des études supérieures comprise entre 10 % et 20 %", sans que cela se fasse "détriment des trajectoires des élèves favorisés socialement".

De plus, "être exposé à des pairs plus divers socialement" favorise "le développement de compétences socio-émotionnelles telles que l’altruisme, l’empathie ou la tolérance". La baisse de la prévalence des stéréotypes raciaux et sociaux "est particulièrement marquée pour les élèves socialement favorisés (...) avec des effets d’autant plus forts que l’exposition à la diversité des pairs se fait tôt dans la scolarité et que la mixité prend place dans un contexte favorisant la coopération plutôt que la compétition".

"Dans le contexte danois, des conclusions un peu plus contrastées ont été obtenues : le fait de fréquenter des pairs plus favorisés à l’adolescence permet d’augmenter jusqu’à 2 % les revenus à l’âge adulte des élèves d’origine sociale défavorisée. À l’inverse, la fréquentation d’une part trop importante d’élèves favorisés pour les élèves également favorisés peut avoir un effet négatif, avec une baisse des revenus pouvant aller jusqu’à -2 %." Des études menées aux États-Unis et au Danemark suggèrent par ailleurs "que la mixité sociale contribue à réduire considérablement la délinquance pour les élèves les plus susceptibles de commettre ces actes".

La note de P. Charousset, M. Monnet, Y. Souidi. "Ségrégation sociale en milieu scolaire : appréhender ses causes et déterminer ses effets" est téléchargeable ici

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