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La Fondapol publie une critique de la réforme d'Affelnet à Paris par Marion Oury (U. de Paris-Dauphine)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 25 octobre 2023.

"Le mot 'mixité' est, semble-t-il, devenu pour certains (...) un mot magique, voire un mot miracle au sein des difficultés que traverse actuellement l’école (...). Si la mixité sociale est incontestablement souhaitable (...), il en va tout autrement de la mixité scolaire", estime Marion Oury (U. Paris-Dauphine) dans une étude critique de la réforme d'Affelnet à Paris, publiée par la Fondapol, un think tank "libéral, progressiste et européen". Elle rappelle que la procédure d'affectation des élèves par le net dans les lycées publics a fait l'objet, à Paris, d'une réforme en 2021 qui avait pour but de faire baisser le taux de ségrégation sociale dans les lycées de la capitale.

L'autrice de l'étude conteste les moyens utilisés, notamment le recours à l'IPS (l'indice de position sociale moyen des parents d'élèves des collèges dont sont issus les élèves) qui donne des points aux élèves issus d'un établissement défavorisé. Il s'agit, estime-t-elle "en réalité d'un indice scolaire (ou socioscolaire)" (il se fonde sur des données économiques mais aussi sur des données culturelles et mesure donc la distance à l'institution scolaire, ndlr). Or la mixité scolaire "présente deux risques évidents et majeurs : d’une part, une trop forte hétérogénéité de niveau au sein d’une classe peut être source de difficultés sur le plan pédagogique. D’autre part, en ce qui concerne le cas particulier parisien (...), on doit prendre en compte l’existence d’un enseignement privé très attractif et d’un niveau souvent excellent." Marion Oury ne semble pas trouver à redire aux points attribués aux élèves boursiers.

Mais elle s'inquiète d'autres biais lorsqu'il s'agit de tenir compte des résultats scolaires de l'élève. D'une part, ils sont pris en compte par "palier de 5 points", autrement dit sans faire de différence entre un élève qui a 15/20 et un élève qui a 20/20. D'autre part, "la quantité maximale de points associée au bulletin scolaire n’est pas de 4 800 (comme l'annonce le rectorat, ndlr) mais de 3 301 points", calcule-t-elle après qu'un parent d'élèves (FCPE), Frédéric Gaume eut dénoncé un paramétrage de "lissage" des notes des bulletins selon une procédure qui "ne figure sur aucun document officiel". Elle dénonce encore le système de " bonus secteur" calculé en fonction de l’adresse d’habitation de l’élève et du lycée demandé.

Elle en déduit que "le score maximal d’un élève non-boursier issu d’un collège sans bonus IPS (s'il demande un des 5 lycées de son secteur, ndlr) est égal à 32 640 + 3 301 (selon son bulletin de notes, ndlr) + 4 800 (s'il a coché toutes les cases du socle de compétences, ndlr) = 40.741 points".

Or cette année, pour qu'un élève puisse entrer en seconde au lycée Turgot, il devait avoir au minimum 41 172 points. Un élève non boursier, issu d’un collège sans bonus IPS ne pouvait avoir accès ni à Condorcet, ni à Hélène-Boucher et s'il était élève des collèges Pierre-Jean-de-Béranger, César-Franck, Victor-Hugo et Charlemagne, "le fait d’avoir une moyenne en sport inférieure à 15 pour deux trimestres (coût de 44 points) (lui) interdit l’accès aux lycées de niveau (les 18 lycées ayant les meilleurs résultats au baccalauréat, ndlr), et ce quelle que soit l’excellence du bulletin scolaire par ailleurs" (en comptant que cette excellence ne lui rapporte que 3 301 points au maximum et non pas 4 800, ndlr).

La réforme a-t-elle au moins produit les effets attendus en termes de mixité sociale ? Selon le rectorat, la "ségrégation sociale" aurait baissé de 39 % en deux ans. Pour l'autrice, "la significativité de cette statistique est faible", d'autant que "18 lycées sur 44 ont vu leur IPS moyen évoluer 'dans le mauvais sens' à la suite de la réforme, c’est-à-dire s’éloigner de la moyenne académique de 124 et non s’en rapprocher", 19 autres s'en sont rapprochés, mais de manière non significative ou faible. Seuls 7 lycées "ont réalisé en termes de mixité sociale des progrès tangibles" dont deux sont "particulièrement 'peu attractifs" (Bergson et Paul-Valéry). Finalement ce n'est que dans deux lycées (Edgar-Quinet et Voltaire) que "les progrès en termes de mixité sociale ont été réels", assure Marion Oury qui d'ailleurs conteste la mesure de ces progrès au moyen de l'IPS.

Le site de la Fondapol ici

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