PIX étend son champ de compétences, dans le système éducatif, dans la société française et à l'étranger
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 31 octobre 2023.
Des évaluations et des formations PIX dès le CM1 ? Benjamin Marteau, directeur de ce service public et Sophie Puig de Fabregas, directrice des contenus pédagogiques et de l'enseignement scolaire de Pix, y travaillent, en lien avec le Ministère de l’éducation nationale. Ils répondent aux questions de ToutEduc.
ToutEduc. Quelle est l'actualité de Pix ?
Pix. Notre mission est de proposer des outils pour que tout un chacun puisse évaluer, développer et certifier ses compétences numériques tout au long de sa vie. Au total, après six ans d’existence, nous avons chaque année quelque 10 % de la population française qui passe par notre plateforme, dont plus de 500 000 demandeurs d'emploi et environ 4,5 millions d'élèves, de la 5ème à la seconde année de BTS ou de CPGE. Chaque année, nous certifions les compétences de 1,6 million d'élèves de 3ème, de terminale ou de lycéens à bac+2 pour lesquels c'est obligatoire.
Cette année, nous lançons, à la demande du ministère de l’éducation nationale, des nouveautés, principalement orientées vers les plus jeunes. On sait qu’ils sont exposés très tôt au numérique et qu’il devient urgent d’en prévenir les risques. Nous avons mis ainsi à disposition des collèges qui le souhaitent des parcours Pix dédiés aux élèves de 6ème, avec une attestation en fin d’année, avant que cela ne devienne pour ce niveau une obligation, l'année prochaine. Nous travaillons également, comme demandé lors des Etats Généraux du numérique pour l’éducation, sur une adaptation de Pix aux niveaux CM1 et CM2 avec un premier module axé sur la prévention du cyberharcèlement qui sera disponible à la rentrée 2024 après avoir été testé dans les Territoires numériques éducatifs.
Au-delà des plus jeunes, il semblait également essentiel de veiller à embarquer toute la communauté éducative dans la montée en compétences numériques, et notamment les adultes. A la fois pour eux-mêmes, mais aussi parce qu’ils doivent se sentir suffisamment en maîtrise pour accompagner les enfants. C’est tout le sens du programme Pix+édu, destiné aux enseignants, ou encore de Pix Parents, qui sera lancé prochainement.
ToutEduc. Sans anticiper sur les travaux de l'observatoire, comment voyez-vous évoluer les compétences numériques de la population ? Le discours est toujours le même, pour dénoncer "l''illettrisme numérique" dont la propagation des "fake news" serait le symptôme.
Pix. Le discours est globalement le même, la réalité évolue. Une première analyse est que le niveau de compétences s'améliore progressivement … mais que les besoins grandissent encore plus vite ! Vous parlez des "fake news", on n'en parlait pas ou très peu il y a de cela cinq ans. Les questions posées par le surgissement de l' "intelligence artificielle générative" s'imposent dans le débat public et dans les professions. La société est aujourd'hui saisie par un sentiment d'urgence et d'importance des compétences associées au numérique. On est, de plus, sortis du discours sur les jeunes qui s'auto-formeraient et seraient des "digital natives", spontanément omni-compétents sur les matières numériques. C'est notamment cela qui fait que la proportion de ceux qui se disent "à l'aise avec le numérique" ne progresse pas. L’effort de formation aux compétences numériques est donc malheureusement loin d’être derrière nous. Mais, attention, il ne s’agit pas toujours d’ “illettrisme numérique” : dans ce monde qui n’a de cesse d’évoluer, chacun, à tous les niveaux de la société et de l’économie, peut être victime, à un moment de sa vie, d’une forme de “décrochage numérique” - parce que l’on a raté par exemple l’étape du cloud collaboratif, du RGPD ou encore de l’IA - et ce alors même qu’il ou elle était en maîtrise jusqu’à présent.
ToutEduc. Les besoins évoluent. Qu'en est-il de votre outil ?
Pix. Pix a été conçu dès le départ pour s'adapter en fonction des retours d’expérience et des évolutions du numérique, et nous y ajoutons régulièrement des micro-modules en tant que de besoin. Il s'agit toutefois aujourd’hui d'aller plus loin que d'évaluer et certifier, pour proposer de véritables contenus utiles au développement des compétences. Nous voulons le faire dans le respect de ce que nous appelons en interne “l’esprit Pix” - à savoir une approche pédagogique personnalisée, ludique, par le faire, qui surprend parfois l’utilisateur pour mieux lui donner envie d’apprendre. Des premiers tests ont lieu en ce moment même et les utilisateurs de la plateforme commenceront à les voir arriver en ligne courant 2024.
ToutEduc. Quels sont les enseignants qui utilisent Pix ? Et comment ?
Pix. La situation peut différer d’un établissement à l’autre mais globalement nous constatons que des enseignants de toutes les disciplines s'en emparent. Il y a probablement une légère surreprésentation de professeurs de mathématiques et de technologie au collège, mais Pix est également très utilisé par les professeurs documentalistes, dans le cadre de l'EMI (Education aux médias et à l'information), ou encore par les professeurs d'histoire-géographie, des professeurs de français, etc. Les professeurs principaux ont aussi souvent un rôle important dans la mise en œuvre du dispositif. Entre septembre et novembre, les établissements scolaires lancent des parcours de rentrée pour chaque niveau d'enseignement. C'est l'occasion d'un premier diagnostic (points forts et points à travailler) qui va permettre aux enseignants d’engager des actions de remédiation. Ensuite, ils peuvent s'appuyer sur des parcours dédiés à leur discipline ou des parcours transversaux et thématiques, par exemple sur la cybersécurité.
ToutEduc. Encore faut-il qu'ils soient formés !
Pix. C'est pourquoi nous travaillons depuis deux ans au dispositif Pix+Edu, articulant diagnostic, formation et valorisation. Il doit permettre à chaque enseignant sur la base d’un diagnostic fin de ses besoins individuels, d'accéder à des parcours d’auto-formation et d'entraînement en ligne, mais aussi à des formations en présentiel dans les ateliers Canopé ou dans le cadre des EAFC (écoles académiques de formation continue), pour accompagner la montée en compétences. Depuis le mois d'octobre, les 850 000 enseignants et personnels d’éducation de l’enseignement public peuvent s’engager dans un premier parcours d'auto-positionnement pour découvrir le dispositif. Ce programme pix+édu bénéficie également aux étudiants en formation initiale et aux stagiaires, en partenariat avec les Inspé.
ToutEduc. Et vous allez au-delà des frontières ?
Pix. Nous sommes en discussion avec plusieurs systèmes éducatifs, et nous avons déjà des partenariats signés notamment avec la Fédération Wallonie Bruxelles (Belgique francophone). Nos outils d'évaluation, de développement de compétences et de certification sont utilisés, à différents degrés et dans différents contextes, dans une vingtaine de pays, par exemple par la métropole de Barcelone pour ses agents ou dans le cadre de partenariats soutenus par l’Unesco… C’est essentiel pour la valeur de long terme de la certification Pix dont bénéficient les élèves et les étudiants !
Propos recueillis par P. Bouchard, relus par B. Marteau