Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Université d'automne du SNUIPP (2/3) : le ministre veut aller beaucoup trop vite, et sans réelle concertation (G. David)

Paru dans Scolaire le lundi 23 octobre 2023.

L'Université d'automne du SNUIPP, à Port-Leucate, est l'occasion pour ToutEduc de faire un tour d'horizon avec Guislaine David, co-secrétaire générale du syndicat FSU du 1er degré

ToutEduc : Vision passéiste de l'école, mensonge, dénigrement... votre discours d'ouverture aux UDA semble plus offensif qu'à la rentrée ?

Guislaine David : Oui c'est vrai, en un mois et demi c'est allé très très vite, c'est à dire qu'on court après la communication de Gabriel Attal parce qu'il est sur plein de chantiers en même temps, et qu'on ne peut pas se poser pour discuter, il nous dit : je dialogue avec les syndicats mais quand il fait une réunion d'une heure, souvent ça ne se passe pas très bien parce qu'en général il n'y a pas d'ordre du jour, on ne prend pas en compte nos avis. De plus, on voit bien que la ligne est donnée par le président Macron, le ministre est dans la ligne du président, qui est beaucoup dictée par son épouse qui quoi qu'on en dise, est encore questionnée sur ces questions d'éducation. Mais on voit bien qu'ils n'ont pas une politique éducative ambitieuse pour les élèves et les enseignants.

ToutEduc : Comment décririez-vous justement cette rentrée au niveau de la politique éducative ?

Guislaine David : Gabriel Attal a envie de faire des réformes, et d'aller très très vite, beaucoup plus vite que Jean-Michel Blanquer. On sait qu'en 18 mois, il va y avoir énormément de chantiers. On voit bien qu'il risque de modifier en profondeur le système, sur la question de l'attractivité du métier, la question de la formation.. Il y a aussi la question qui préoccupe chaque ministre qui arrive, celle des savoirs fondamentaux, systématiquement il faut qu'ils soient renforcés. Mais ils sont renforcés depuis des années et on voit que ça ne fonctionne pas puisqu'on a toujours des mauvais résultats à PISA. On ne travaille pas les fondamentaux qu'il faudrait travailler, on est sur des compétences de bas niveau en mathématiques et en français, comme le décodage par exemple en lecture. Nous, nous préconisons que les enfants des milieux populaires puissent acquérir des compétences transversales, la culture commune, faire des sciences, travailler sur l'art...

ToutEduc : Quels sont les chantiers que vous voyez être mis en avant dans le 1er degré ?

Guislaine David : L'exigence des savoirs fondamentaux va être reliée à la mission exigence des savoirs, pour laquelle il ne s'est donné que deux mois. Quand nous avons réévalué les programmes en 2015, la concertation a duré des mois, en équipe, on a fait le bilan des précédents programmes et on a repris certains axes qui ont été travaillés ensuite dans les programmes. Les programmes de 2015 n'ont pas réussi à vivre, et on sait qu'il faut un temps long dans l'éducation, en Finlande les dirigeants l'ont bien compris, on ne change pas les programmes à chaque échéance gouvernementale, on laisse vivre les choses et la réforme s'est construite sur plusieurs décennies. Là on voit bien que si on change à nouveau on va donner une boussole encore différente aux enseignants qui vont être perturbés.

Cela va notamment concerner la question des programmes, des cycles à l'école et la question des manuels. D'ailleurs le ministère nous a contacté pour avoir notre sentiment sur la consultation qu'ils vont faire en ligne auprès des enseignants très prochainement : en 3 minutes ils pourront remplir une enquête pour quelque chose qui est aussi essentiel que les programmes. Mais cela demande de la réflexion, et en équipe ! Or on voit bien que les questions vont être fermées et on sent derrière la volonté qui a déjà été annoncée. Sur les manuels il a dit qu'à Mayotte un manuel (NEO, qui s'inspire de la méthode LEGO, ndlr) fonctionne très bien.. NON, on ne sait pas ! Il n'y a pas assez de recul, si les élèves ont pu apprendre à décoder très rapidement ce n'est pas pour autant qu'ils comprennent ce qu'ils lisent, et là on est sur une méthode très syllabique. On voit bien que la labellisation de certains manuels va être dans l'objectif du ministère, d'autant qu'on a repéré dans le PLF 2024 que 3 millions d'euros sont dédiés aux manuels en Education prioritaire à la rentrée prochaine, et cela sera testé sur des manuels imposés. Finalement, on voit bien qu'il y a un simulacre de dialogue social mais que derrière c'est déjà choisi.

Il y a aussi la question du harcèlement, qui est un vrai souci, un vrai sujet, il faut que les enseignants s'en emparent pour pouvoir avancer. Il faut travailler sur le climat scolaire mais est-ce qu'on peut le faire sans moyens ? On n'a pas plus de personnels, on supprime des postes (1709 suppressions sont prévues pour le 1er degré dans le PLF 2024, ndlr), on n'a pas de personnels de santé dans nos écoles, pas de personnels sociaux, la formation n'est pas suffisante, tout le monde ne peut y accéder : même si on a de très bonnes intentions, dans nos classes, si on ne donne pas de moyens on n' y arrivera pas. Ça ne se fera pas d'un claquement de doigt et avec la mise en place de cours sur l'empathie.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →