La FSU a 30 ans et travaille à créer "un nouvel outil" avec la CGT et Solidaires
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Justice, Orientation le jeudi 12 octobre 2023.
La FSU inaugurait, hier 11 octobre, ses nouveaux locaux à Bagnolet en même temps qu'elle fêtait ses 30 ans, avec un retard de quelques mois puisque sa création officielle date du mois d'avril 1993, après que le SNES et le SNEP eurent été exclus de la FEN. Mais, souligne Benoît Teste, l'actuel secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire, c'est au mois d'octobre 93 que la FSU "fait irruption" sur la scène syndicale avec la démonstration de sa capacité à mobiliser pour "mettre du monde dans la rue".
Pour Paul Devin, responsable de l'Institut de recherche de la FSU (et ancien SG du syndicat de l'inspection), interrogé par ToutEduc, l'évènement, loin de la nostalgie même si c'était l'occasion pour les "militants de l'époque" de se retrouver, avait pour première intention de permettre aux jeunes adhérents d'entendre les témoignages des anciens et de se saisir de ce qui fait l'essence de la fédération, "construire l'unité dans le débat", donc sans jamais nier les différences. Autre élément constitutif de la FSU, son indépendance vis à vis des partis politiques puisque la scission entamée en 1992 serait due aux resserrement des liens entre la FEN (Fédération de l'Education nationale) avec le Parti socialiste.
Mais le colloque était aussi l'occasion de faire "une analyse lucide de la situation" après que le mouvement social du printemps contre la réforme des retraites n'a pas réussi à changer la donne, malgré l'importance des manifestations. "Nous avons des motifs d'inquiétude en même temps que nous avons la certitude que ce qui s'est passé a démontré que le syndicalisme est capable de mobiliser au-delà des clivages. Nous sommes donc raisonnablement inquiets et résolument optimistes", conclut Paul Devin qui évoque trois enjeux essentiels, l'environnement, l'égalité hommes-femmes et l'unité syndicale, notamment dans le cadre de l'AES (l'alliance économique et syndicale, un collectif initié par les Amis de la Terre, Attac, la CGT, la Confédération paysanne, la FSU, Greenpeace France, Oxfam France et Solidaires, ndlr).
Tous ont en effet, selon Benoît Teste, "la volonté de tout changer dans cette société" et, ajoute-t-il, "ça commence par un service public efficace". Mais "nous vivons une période très trouble" et il appelle à "un rassemblement" des forces syndicales qui ne soit pas un alignement sur le "moins-disant" mais qui soit "sans exclusive". Il ajoute que "l'objectif de la FSU n'a jamais été de créer un pôle de radicalité". L'horizon pour lui : "créer un nouvel outil syndical avec la CGT et Solidaires, sans exclusive" et donc "se rassembler au plus possible" même si "on ne sait pas encore avec quels moyens".
Il rappelle aussi que les tendances (Unité et action, Ecole émancipée, Emancipation, URIS, Front unique, Autrement, ndlr) sont constitutives de son identité : "On y tient", la FSU défend un syndicalisme qui "règle en interne" les différences de sensibilité, "un syndicalisme de métier qui part des préoccupations concrètes des personnels" et une fédération qui respecte "la souveraineté de chacun des syndicats qui la constituent dans leurs champs".