Mathématiques : ce que propose l'académie des technologies pour "un redressement spectaculaire de la situation"
Paru dans Scolaire le mercredi 04 octobre 2023.
L'Académie des technologies s'interroge dans un "avis concernant la place et l’enseignement des mathématiques en France", qui vient d'être publié, sur ce qu'il convient de faire pour élever le niveau des élèves français en mathématiques. "Les retards s’installent dès les petites classes", le "Plan mathématiques" paraît être "correctement piloté" mais les moyens affectés "restent limités" et le dispositif repose sur le volontariat des enseignants : " Est-ce qu’un système peut procéder à un redressement spectaculaire de sa situation sur la base du volontariat de ses acteurs ? Il faudrait au minimum que "soient respectées certaines conditions de qualité du management et du climat social" alors que "des mesures prises dernièrement" (l'heure de mathématiques et de français ajoutée au détriment d'une heure de sciences et technologie en 6ème et l'heure et demie de mathématiques ajoutée au tronc commun de 1e de la voie générale) "ne seront pas en mesure de modifier la situation très préoccupante de l’enseignement des mathématiques".
Mais au-delà des questions d'horaires, l'Académie pose la question de la formation des enseignants. "Les maquettes de M1 et M2 du master MEEF seraient à remettre à plat" de façon à trouver "un équilibre entre le développement des compétences disciplinaires et celui des compétences pédagogiques (ou didactiques)". Durant ces deux années, "une véritable culture du quantitatif devrait être diffusée, une connaissance historique des grands concepts mathématiques serait à apporter, une capacité à savoir enseigner les démonstrations gagnerait à être développée, une meilleure connaissance des usages des mathématiques, (serait) à exiger des futurs enseignants." Les INSPE devraient renvoyer "à la formation continuée le renforcement des autres compétences requises pour l’exercice du métier d’enseignant".
Sans parler de qualité de vie au travail, l'Académie évoque "une corrélation entre le niveau d’attractivité du métier d’enseignant" et le niveau mesuré des résultats scolaires. Elle n'envisage pas l'attractivité uniquement en termes de salaires mais aussi de conditions de travail. Elle milite également pour que soit envisagé "le renfort de moniteurs dans certaines classes".
L'arithmétique en maternelle
Elle s'inquiète également des pédagogies mises en oeuvre. "La pratique de la démonstration doit retrouver une place dans l’enseignement des mathématiques", note-t-elle. Elle estime également que "le formalisme de l’enseignement des mathématiques en France (...) peut être mis en cause" et qu'il faut trouver un équilibre entre approche déductive et approche inductive tandis que "le numérique doit trouver sa place" : "Nombreux sont ceux qui défendent l’idée de se concentrer sur (...) la résolution de problèmes, tout en laissant les calculs 'mécaniques' aux machines, ce qui permettrait une meilleure optimisation du temps qui est alloué à cet enseignement". Mais d'autres craignent "que des applications ou des logiciels spécialisés ne fassent une trop grande part du travail d’apprentissage des mathématiques à la place de l’élève".
L'académie invite encore les enseignants à "prêter une attention particulière au rapport des jeunes Français à l’erreur en mathématiques, ainsi qu’en logique, et à leur capacité à oser s’engager dans des raisonnements mathématiques plus ambitieux."
Les auteurs considèrent que les travaux en neuroscience et sciences cognitives montrent qu'il faut "repenser l’apprentissage des mathématiques, dès l’école maternelle", qu'il faut "valoriser" la mise en place de "la pensée logico-mathématique dès le plus jeune âge" et faire, dès le cycle 1 (maternelle), "des exercices et jeux de mathématiques, même arithmétiques, car les bébés déjà, dès leur première année de vie, en font avec leurs yeux et leur cerveau, et en ont envie".
Le rapport ici