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La décision politique n’a que peu de moyens de contraindre le temps de l’École (revue de l'AFAE)

Paru dans Scolaire le mardi 26 septembre 2023.

"C’est peu de dire que notre rapport au temps est devenu problématique. L’avenir inspire l’inquiétude plus qu’il ne suscite l’espérance. Il ne va plus de soi que le sens de l’histoire débouche sur un progrès et prépare, sur terre ou dans le ciel, l’avènement d’un monde meilleur." C'est ce constat qui ouvre le numéro 179 de la revue de l'AFAE, "Administration et Education" consacré au thème "Temps et contretemps à l'école".

Celle-ci n'échappe pas à cette "sorte d’accélération permanente" qui nous prive de perspectives et qui "déstabilise l’École, à commencer par le projet éducatif lui‐même. Comment le définir, s’il ne peut plus se penser comme transmission d’un passé reconnu, ou comme préparation d’un avenir devenu incertain ? Mais ce sont tout autant la vie et la forme scolaires qui sont remises en cause. Nos 'emplois du temps' deviennent de plus en plus complexes et le temps des apprentissages (...) déborde largement le cadre de la classe. Le temps court de la politique, malgré d’incessantes 'lois d’orientation' télescope le temps long de la formation et des parcours des élèves." Et malicieusement l'éditorialiste, Alain Boissinot, rappelle cette déclaration de René Monory, ministre de l'Education nationale de 1986 à 1988 : "Dès mon arrivée, j’ai voulu bannir l’idée de réformes incessantes : notre système éducatif a trop souffert, au cours des dernières années, de ces réformes qui se sont succédé les unes aux autres, et qui ont, au fil du temps, créé un sentiment de méfiance ou de scepticisme vis-à-vis des initiatives des pouvoirs centraux, et un décalage progressif entre la réalité du terrain et les modes de fonctionnement d’une institution beaucoup trop centralisée."

Or, comme le note Ismaïl Ferhat, "certaines politiques scolaires se sont révélées incapables de modifier substantiellement les domaines sur lesquels elles intervenaient. C’est en particulier le cas de l’enseignement professionnel (...). La volonté répétée de la part de tous les gouvernements successifs de 'revaloriser' celui‐ci s’est heurté à sa transformation progressive en filière de relégation pour les enfants des classes populaires en échec à l’École. Et pourtant, les réformes et les intentions n’ont pas manqué : lycée d’enseignement professionnel en 1977, baccalauréat professionnel en 1985, lycée des métiers en 2001, réforme de la voie en 2009, 'campus des métiers' annoncés en 2018. Une telle disjonction souligne combien le temps de l’École garde ses logiques et son autonomie propres, que la décision politique n’a que peu de moyens de contraindre, d’inverser ou simplement d’infléchir."

Il en va ainsi de l’organisation du temps scolaire qui "obéit avant tout à la loi du plus fort" et "à une somme d’intérêts particuliers" alors qu'il faudrait que, "définitivement, l’on considère comme un préalable intangible, l’intérêt supérieur de l’enfant, celui de son rythme naturel alternant apprentissage et repos, sans que cette question éminemment importante soit renvoyée aux calendes grecques ou, pour rester dans le sujet, à la semaine des quatre jeudis".

N'est-elle déjà là, cette semaine à trous, si on considère que le nombre d'heures de classe par an dans les écoles est passé de 1894 à 2020 de plus de 1300 à moins de 864. Quant au baccalauréat, ne serait-il pas temps de l'abolir, se demande Jean-Charles Ringard ? "Les conseils de classes seraient tout à fait à même d’apprécier les capacités des élèves autour d’un socle commun de compétences et de connaissances nationalement défini, peut‐être d’ailleurs avec plus d’objectivité sur le niveau réel des élèves. Le temps ainsi dégagé par l’ingénierie de l’organisation des épreuves du bac et toutes ses conséquences serait justement utilisé pour consolider les savoirs des élèves et mieux les préparer à l’entrée dans le supérieur."

Le site de l'AFAE ici

 

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