Pour le secteur "inspection" de FO, le Nouveau management public et les neuro-sciences s'inscrivent dans une même logique
Paru dans Scolaire le vendredi 22 septembre 2023.
"Le ministère tente de nous réduire à de simples courroies de transmissions des politiques ministérielles", estime "le secteur IEN" du syndicat FO des personnels de direction. Dans le numéro de rentrée de son bulletin, il analyse diverses facettes du NMP (Nouveau management public) mis en oeuvre actuellement, à commencer par son principal effet : "Plus aucune politique éducative inadaptée, finit les ministres incompétents ! Seuls seront rendus responsables dans les territoires des inspecteurs et des chefs d’établissement incapables, des mauvais projets scolaires, des professeurs malhabiles, des parents peu stratégiques et de piètres élèves."
Il interroge à ce sujet Anicet Le Pors, ancien ministre de la fonction publique et auteur du "statut général des fonctionnaires" de 1983. Celui-ci estime que le NMP "s’inscrit naturellement au sein de l’idéologie managériale qui tend à la généralisation des critères de gestion de l’entreprise privée à l’ensemble de la société". Il reconnaît qu'il y a "bien une nécessité d’approfondissement théorique de la notion d’efficacité sociale", mais il considère que "le NMP n’y répond pas par la simple transposition du privé au public".
Roland Gori (U d'Aix-Marseille, psychologie et psychopathologie) s'intéresse à la réforme du baccalauréat : "Le contrôle continu, pratiqué comme il l’est aujourd’hui, installe une surveillance permanente des élèves et des professeurs (...). L’hétérogénéité des pratiques évaluatives des enseignants dans le contexte propre à chaque établissement encourage les élèves à adopter des 'stratégies payantes' qui modifient profondément la relation pédagogique et la signification de la note obtenue à l’examen." Il s'inquiète aussi de voir les enseignants traités "comme des machines" à qui on demande d'accomplir un geste "décidé par d’autres qu’eux, c’est-à-dire par des experts (...). Le ministre Blanquer mais aussi l’institut Montaigne font la promotion d’une naturalisation des fonctionnements psychiques et sociaux de l’humain aboutissant à une sorte de neuro-cognition faisant de l’individu une machine computationnelle. Il suffirait d’améliorer les compétences computationnelles pour obtenir des gens compétents".
Pour l'organisation syndicale, plus généralement, "les mesures liées au NMP conduisent à un climat de compétition qui affecte les relations sociales, une dégradation de la satisfaction au travail et un déclin de la collégialité (...). Le climat de violence psychologique est envisagé comme une contrainte qui affecte de manière accrue les personnels des services publics. Si dans l’esprit de beaucoup, ces violences sont associées à un phénomène social de montée des incivilités, un certain nombre d’analyses font cependant état d’un lien fort entre la modernisation des services publics et ces nouvelles formes de violence."
A noter que le texte redéfinissant les missions des IA-IPR et des IEN a été publié au BO du 7 septembre, ici