Alors que l'acte 2 de l'école inclusive commence à se mettre en place, les organisations syndicales décrivent une situation “au bord de la rupture“ (Assemblée nationale)
Paru dans Scolaire le jeudi 21 septembre 2023.
Outre un contexte de forte tension ayant bouleversé la table-ronde devant faire dialoguer députés et responsables des organisations syndicales enseignantes mercredi 20 septembre à l'Assemblée nationale, les propos tenus par ces derniers ont très souvent concerné l'école inclusive.
Elisabeth Jamin, du SE-UNSA a évoqué des enseignants, particulièrement au 1er degré, “en souffrance face à des situations qu'ils ne peuvent plus, qu'ils ne savent pas gérer“. La situation serait d'ailleurs “à un point de bascule vers un possible rejet de l'inclusion scolaire“, ce que confirme Guislaine David, du SNUIPP-FSU : “nous sommes au bord de la rupture“. Elle estime que la situation est “catastrophique“, notamment en raison du manque de places dans les établissments spécialisés, par exemple 500 dans le Nord ou encore 800 à 1 000 places en Ile-et-Vilaine, ce qui conduit des élèves qui relèvent des IME, ou des ITEP, à se retrouver dans les écoles ordinaires “sans qu'aucun moyen supplémentaire ne soit accordé pour faire fonctionner les établissements scolaires, sans que ne soient renforcés les RASED ou les PSY-EN pour faire face à ces situations d'inclusion des élèves en situation de handicap.“ Surtout qu'il faut faire attention, explique Elena Blond-Klorides, de la CGT Educ' action, à ne pas amalgamer la question du handicap et de la grande difficulté scolaire.
“La politique de l'école inclusive, considère Jean-Rémi Girard du SNALC, s'est faite depuis le début sans jamais nous consulter, sans jamais regarder l'effet qu'elle a, la souffrance qu'elle provoque aussi bien chez l'élève inclus, chez les enseignants, chez les familles à qui l'on a vendu un mirage et qui se rendent compte que c'est une absolue imposture." Avant de demander un bilan de l'acte 1, il dénonce “une politique quantitative qui gère des morceaux d'AESH pour les placer sur des morceaux d'élèves dans des morceaux de cours, peu importe l'intérêt pédagogique derrière, si c'est adapté ou non au handicap de l'enfant“ .
Ce “manque criant d'AESH“ est d'ailleurs souligné par Maud Valegeas, de la fédération SUD éducation. Elle raconte que “quand la mutualisation a été mise en place, on nous a dit ‘ne vous inquiétez pas ce sera maximum 3-4 élèves par AESH‘, alors qu'aujourd'hui elles ont des emplois du temps avec 10 à 11 élèves chacune.“
Mais quelle direction sera en effet prise par le gouvernement avec le futur acte 2 de l'école inclusive ? Demande Elisabeth Jamin, ira-t-on vers 100 % d'inclusion en milieu ordinaire ou bien vers une scolarité en classe ordinaire et/ou en établissements médico-sociaux ?
L'intersyndicale FSU, UNSA éducation, SGEN-CFDT, CGT Educ’action, SNALC et SUD éducation indique par ailleurs, dans un communiqué publié jeudi 21 septembre, qu'avait lieu lundi 18 septembre au ministère de l'Education nationale un nouveau cycle de concertation sur l’École inclusive. Malgré leurs requêtes, également évoquées lors de la table-ronde (allègement des effectifs, statut pour les AESH, formation, accompagnement des équipes..), ils dénoncent un “passage en force du ministère“, celui-ci ayant “annoncé le calendrier de mise en œuvre des mesures actées par la Conférence Nationale du Handicap en avril dernier (voir ToutEduc ici, le dossier de presse du CIH ici), comme la mise en place du statut d’emploi des ARE et la transformation des PIAL en pôle d’appui à la scolarité“, et ce “sans aucune concertation avec les organisations représentatives des personnels" pour des mesures qui ne répondent pas aux besoins des élèves et des personnels“.