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L'enseignement catholique satisfait des conditions de la rentrée, même si subsistent des zones d'ombre

Paru dans Scolaire le jeudi 21 septembre 2023.

"Eduquer à la liberté responsable", c'est cette formule qui servait de bannière à la conférence de presse de rentrée, ce 21 septembre, de Philippe Delorme. Pour le secrétaire général de l'Enseignement catholique, celui-ci n'est pas "la variable d’ajustement de l’école publique" : "Nous ne sommes pas simplement des supplétifs (...) Nous existons pour nous-mêmes, pour offrir aux familles et aux élèves une proposition éducative différente." Il en appelle donc "à la liberté et à la responsabilité des acteurs, pour éduquer à la liberté responsable".

Il semble avoir été entendu si on en juge par l'évolution des effectifs : "Certes, nous perdons des élèves. C’est inévitable en raison de la démographie... Mais nous en perdons nettement moins que ce qui était prévu ": + 300 élèves en maternelle, - 6 000 en élémentaire, -581 élèves au collège, - 869 en LEGT, + 1 640 élèves en LP, -2 413 étudiants en BTS, - 146 en CPGE, - 190 pour l'enseignement agricole. "La rentrée 2023 constitue donc, en l'état de l'analyse possible des effectifs, une bonne nouvelle, comparée à la rentrée 2022" qui avait vu l'enseignement catholique perdre 18 000 élèves, qui s'attendait à en perdre 12 000 et qui en perd 8 437. A noter que le surcoût pour les municipalités pour ce qui est du forfait d'externat dû aux classes de maternelle passées sous contrat (du fait de l'abaissement à 3 ans de l'obligation scolaire) est toujours évalué par le SGEC à 60 M€ (pour mémoire, le forfait d'externat est destiné à compenser le coût pour les écoles privées de diverses dépenses prises en charge par les mairies pour les écoles publiques).

Il ajoute qu'un élève de l'enseignement privé sous-contrat coûte au contribuable (donc en considérant aussi bien les dépenses de l'Etat que celles des collectivités) "deux fois moins cher qu'un élève de l'enseignement public“, notamment du fait que les dépenses d'investissements ne sont pas à la charge de la puissance publique.

Voici les principaux points évoqués par P. Delorme :

Laïcité. A propos de  l’interdiction du port de l’abaya : "A-t-on vraiment mobilisé ainsi les acteurs dans leur responsabilité éducative ? (...) La loi de 2004 sur le port des signes religieux ne nous est pas applicable. Mais je veux surtout vous dire que cette question est peu prégnante dans nos établissements, et cela sans doute parce que les convictions religieuses n’y sont pas mises à la porte. Au contraire, nous les accueillons. C’est une forme de laïcité qui accorde toute sa place à la rencontre et à la reconnaissance de l’autre, différent (...). Nous souhaitons vivre pleinement la laïcité, mais en ayant quelque chose de spécifique à proposer." Le secrétaire général ajoute que l'interdiction "ne règle pas la question de fond", le besoin qu'éprouvent certains jeunes de s'identifier à une communauté. Il considère qu'il faut "faire appel à la responsabilité des chefs d'établissement" et des équipes éducatives, en considérant que "chaque jeune est unique".

Harcèlement. L'enseignement catholique a "imaginé" un "Plan Boussole" pour "mieux traiter en particulier le harcèlement, en référence à l’éducation intégrale de la personne humaine", et pour repérer non seulement les situations de harcèlement entre élèves, mais aussi "des pratiques pédagogiques qui peuvent être harcelantes", par exemple rendre les copies en énonçant les notes par ordre croissant ou décroissant de mérite, ou qualifier de nul un élève et le vouer aux moqueries de ses condisciples, précise P. Delorme.

Orientation. Pour l'enseignement catholique, c'est "dès le cycle 3" (donc dès le CM1, ndlr) que les élèves doivent être accompagnés dans la découverte des métiers et la réflexion sur l'orientation.

Enseignement professionnel. "Le projet porté par la ministre Carole Grandjean rejoint tout à fait nos orientations (...). L’esprit de la réforme, qui entend tenir la double logique d’insertion professionnelle et de poursuite d’études réussie (...), correspond à notre souci de personnaliser les propositions éducatives pour amener chacun de nos élèves vers ce qui lui convient le mieux." L'enseignement catholique s'inquiète toutefois ne pas être "pleinement associé à la recomposition des cartes de formation."

Pacte et FIP. L'enseignement catholique s'est "emparé" des "récents dispositifs gouvernementaux, le Pacte ou le Fonds d’innovation pédagogique". Sur le Pacte, le SG n'a pas de chiffres au niveau national, mais dans le diocèse de Nantes, l'enveloppe serait déjà consommée à 70 % et certains établissements demanderaient des briques supplémentaires. "L'accueil a été favorable", il s'agit en effet de rémunérer des missions qui étaient déjà remplies bénévolement, ou qui s'inscrivent dans la culture des établissements, comme les remplacements de courte durée entre collègues. Les chefs d’établissement ont commencé à se saisir du "Fonds d’innovation pédagogique", mais l'un et l'autre dispositifs, "en bien des endroits", "sont gérés de manière excessivement bureaucratique".

AESH. "La non-résolution de la question de la prise en charge financière des AESH sur le temps de la pause méridienne continue de causer de nombreuses ruptures de service", fait valoir P. Delorme qui demande que le Gouvernement appuie la proposition de loi du sénateur Vial "visant à assurer la continuité de l’accompagnement des enfants" en situation de handicap.

Attractivité. Les concours de l'enseignement privé ont fait le plein, avec 11 candidats pour un poste dans le 1er degré et plus de 7 dans le second degré, "tous les postes offerts aux concours sont pourvus". P. Delorme attribue pour partie ce succès à une autre organisation du Master MEEF dans les ISFEC (les instituts de formation de l'enseignement catholique, le mémoire rendu au mois de janvier allège la charge de travail au second semestre en M2).

Par ailleurs, l'enseignement privé a obtenu "un véritable statut des maîtres délégués" qui aligne leurs conditions de rémunération "sur celles de leurs collègues du public" (les "contractuels" dans le public, ndlr). "Nous ne devrions plus avoir à déplorer la fuite de suppléants vers le public", commente le SG.

Rénovation énergétique des écoles. Le SG craint que ce plan n'inclue pas les établissements privés. "On parle de 40 milliards d’euros pour les seules écoles publiques. On l’estime à 5 milliards d’euros pour tous nos établissements. Mais comment imaginer qu’il nous sera possible de mener ce chantier à bien sans aucun accompagnement ?" L'enseignement catholique demande notamment, encore une fois, que soit "éclairci" le statut fiscal du bâti scolaire, sans demander pour autant une remise en cause des lois qui encadrent le subventionnement des investissements.

Mixité sociale. Le SG rappelle qu'il a signé "le protocole relatif au plan d’action favorisant le renforcement des mixités sociale et scolaire" et précise que G. Attal lui a confirmé "explicitement" que l'’État "tiendra ses engagements". Le ministre a également "confirmé tout l’intérêt" du CLA (Contrat local d’accompagnement) dont bénéficient treize établissements. Mais P. Delorme lance "un appel un peu solennel aux collectivités locales" : "Il n’est pas possible qu’en matière de transports et de restauration, les politiques sociales des collectivités continuent à être à ce point discriminantes pour les familles, en particulier les plus modestes", lesquelles perdent le bénéfice des aides sociales dès lors que leurs enfants passent du public au privé.

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