Les "terrains d'aventures" sont de retour (VEN, revue des CEMEA)
Paru dans Périscolaire le vendredi 15 septembre 2023.
"Après une éclipse relative de près d'un demi-siècle (...), les terrains d'aventures sont de retour" et sont au coeur du dernier numéro de la revue des CEMEA, VEN qui les définit d'abord négativement : "Ici, on ne s'inscrit pas, ce n'est pas un mode de garde, l'espace est ouvert à qui veut venir, animé par une équipe formée et garante de l'accès aux outils de bricolage". Mais "rien n'est organisé" et les enfants, "pour construire une cabane, creuser un trou, créer une cachette, monter dans un arbre" doivent franchir le pas, "oser faire" et "oser aller demander du renfort" si besoin. Ces terrains, créés par des municipalités avec une association qui les gère s'inscrivent dans un mouvement d'opposition aux tendances actuelles de "marchandisation des loisirs" et de "sur-sécurisation de l'espace public".
Les animateurs ont pourtant un rôle à jouer pour éviter que les enfants ne se mettent en danger, mais "ils doivent désapprendre une partie de ce qu'ils ont appris, c'est à dire de toujours proposer quelque chose aux enfants. Il s'agit plutôt d'être dans le retrait, dans une forme d'accompagnement, pour justement laisser la place à l'enfant, au jeu libre. Animer un terrain d'aventures, c'est lâcher prise sur ses représentations, c'est avant tout observer. Cela n'a rien de facile, on marche sur un fil, on intervient en cas de nécessité." L'auteur donne un exemple, des enfants se suspendent à un arbre, "une animatrice intervient pour leur signifier qu'il faudrait enlever une branche morte", mais le principe est que les enfants prennent en charge "eux-mêmes leur sécurité" et développent "des comportements adaptés face à des situations à risques", "gèrent leurs peurs".
Vient qui veut, les adultes aussi, comme ce petit groupe de femmes qui en profitent pour gagner en compétences : "Il y en a marre que nos maris soient les seuls à utiliser les outils, on va apprendre aussi." Une animatrice ajoute : "En voyant une femme scier, clouer, aider à construire une cabane, les filles s'autorisent à le faire et se sentiront plus tard compétentes et légitimes pour prendre en main une perceuse ou une scie et piloter un chantier."
Le dossier propose deux focus sur les terrains de Plaisance dans la périphérie nantaise et de Dieppe. On compte en France cette année une soixantaine de terrains d'aventures, "soit deux fois plus chaque année depuis 2017".
VEN (Vers l'éducation nouvelle), n° 590 (juillet-septembre 2023) 34€/an, 01 53 26 24 41 et claude.brusini@cemea.asso.fr