Enfants ukrainiens : l'OCDE recense les difficultés et les solutions
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 14 septembre 2023.
L'édition 2023 des "Regards sur l'éducation" propose, dans un chapitre spécifique, une recension des problèmes que pose la scolarisation dans les pays d'accueil des enfants ukrainiens, dont on estime qu'ils représentent 40 % des 4,7 millions de réfugiés dans les pays de l'OCDE, dont 3,7 millions dans l'Union européenne. Les principaux pays d'accueil sont l'Allemagne, la Pologne, les USA, ainsi que l'Estonie, la Lituanie et la République tchèque en pourcentage de population.
L'OCDE insiste sur l'importance de la scolarisation des enfants de moins de 6 ans qui représentent un tiers des enfants réfugiés, et note que certains pays ont pris des mesures spécifiques. La République slovaque, par exemple, a proposé aux enseignants une formation au soutien psychologique de ces enfants. En France, des formations spécifiques ont été mises en place. En Slovénie, les frais d'inscription dans les jardins d'enfants peuvent être totalement pris en charge...
A tous les niveaux de la scolarité se pose la question de la langue et de la mise en oeuvre de programmes d'apprentissage de la langue du pays hôte, ce qu'ont fait 90 % des pays concernés. Ils sont tout autant à avoir recruté des enseignants ou des assistants parlant l'ukrainien. L'Espagne a ainsi recruté 200 assistants de langue, dont 90 pour les niveaux maternelle et élémentaire. De même la France a recruté des ukrainophones affectés dans les CASNAV (centres dédiés à l'accueil et à la scolarisation des enfants allophones).
L'OCDE donne des exemples de pays qui ont installé des classes spécifiques d'initiation linguistique, comme l'Autriche, la Croatie, la Suisse... En Hongrie, les enfants ont 5h par semaine, les après-midi, en plus du temps de classe, pour apprendre la langue et pour se mettre au niveau dans diverses matières lorsque les programmes sont très différents. Un manuel gratuit a été distribué aux écoles qui en avaient besoin. Seuls 15 % des pays ont créé des écoles réservées aux Ukrainiens. La Lettonie avait déjà une école ukrainienne qui organise des camps d'été où élèves et professeurs apprennent le letton. Encore faut-il que les familles en soient informées. En Pologne, avec l'appui de l'UNICEF, un "chatbot" et une ligne dédiée permet, pour partie en ukrainien, de répondre à leurs interrogations.
L'organisation internationale met l'accent sur la formation professionnelle, un secteur important dans le système scolaire ukrainien et pour lequel se pose avec plus d'acuité encore, la question de la langue, l'enseignement se faisant presque toujours dans la langue du pays hôte. La Norvège requiert ainsi un niveau minimum en norvégien pour accéder à l'équivalent d'un lycée professionnel. Très peu de pays proposent un enseignement en anglais. Autre problème, l'absence d'équivalences entre les systèmes, et donc de reconnaissance des compétences acquises. Au Royaume-Uni toutefois, les jeunes réfugiés peuvent profiter d'un système de comparaison des niveaux. L'Estonie a de même mis en place un dispositif de reconnaissance des acquis...
Presque tous les pays de l'OCDE coopèrent avec les autorités ukrainiennes pour que les enfants conservent leurs compétences dans leur langue maternelle, et beaucoup de familles ont opté pour l'enseignement à distance. Les informations sur la plateforme "All-Ukrainian Online School" ont d'ailleurs été traduites dans 12 langues européennes avec l'aide de l'UNICEF, mais l'OCDE constate que seule une quinzaine de pays ont répondu à son questionnaire sur l'école en ligne, peut-être parce qu'ils manquent de données sur le sujet, ou parce qu'ils ont mis l'accent sur l'inscription des enfants dans leurs systèmes scolaires. La Roumanie a subventionné dans plusieurs écoles l'installation d'ordinateurs pour permettre aux enfants de se connecter à la plateforme de leur pays. La Lituanie fait, pour sa part, remarquer qu'un enseignement à distance à plein temps n'est pas recommandé pour les élèves les plus jeunes, et l'enseignement à distance n'est mis en oeuvre qu'à temps partiel pour les niveaux élémentaire et collège. Mais l'OCDE note que lorsque les familles comptent bien retourner le plus tôt possible dans leur pays, les enfants sont moins motivés pour s'insérer dans un autre système éducatif.