Mixité scolaire: et si elle générait aussi des inégalités? (OFCE)
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 04 août 2010.
Et si la mixité scolaire, qui vise l’égalité entre filles et garçons, créait des inégalités? Voilà l'étrange paradoxe que met en lumière une étude publiée dans la revue de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), réalisée par Marie Duru-Bellat (Sciences-Po Paris). "Non seulement les enseignants interrogent plus souvent les garçons, mais ils passent aussi plus de temps à réagir à leurs interventions", observe la chercheuse, qui souligne la tendance involontaire chez les enseignants à faire des différences entre les sexes. Les garçons recevraient en outre un enseignement plus personnalisé, les filles seraient davantage traitées en groupe. En moyenne, les professeurs consacreraient 44 % de leur temps aux filles, mais 56 % aux garçons.
Concernant les choix d'orientation, M. Duru-Bellat estime que les élèves des classes non mixtes se sentiraient plus libres d’affirmer leurs aspirations, les garçons se disant plus volontiers attirés par les langues et la biologie en groupe non mixte, tandis que les filles entre elles s’intéresseraient davantage à la physique ou à la technologie. Au final, leurs orientations seraient "moins conformes aux stéréotypes des métiers masculins et féminins".
La mixité aurait en revanche peu de conséquences sur les résultats des élèves, sauf en mathématiques, où les filles minorereraient leurs chances de réussite en présence des garçons.