Hors-contrat : de nombreux freins à la création d'écoles, mais le mouvement continue son expansion (Anne Coffinier)
Paru dans Scolaire le mercredi 06 septembre 2023.
Le "bac Blanquer" a découragé la création de lycées hors-contrat constate "Créer son école". Les élèves de ces établissements ont en effet dû passer une vingtaine d'épreuves terminales quand leurs homologues du public ou du privé-sous-contrat n'en passaient que six, les autres disciplines étant validées via le contrôle continu. De plus, les centres d'examen n'ont fait preuve d'aucune souplesse, lorsqu'une convocation tombait le même jour qu'une épreuve sportive importante, souvent à haut niveau, explique Anne Coffinier qui évoque aussi des changements dans l'organisation et les programmes "jusqu'au dernier moment". La présidente de ce mouvement d'écoles "indépendantes", "hors contrat" présentait ce 6 septembre, un bilan de la rentrée.
Selon son décomptes, 37 nouvelles écoles maternelles et 39 écoles élémentaires viennent s'ajouter aux 1 102 établissements du 1er degré existant, selon le décompte de l'Education nationale. De même, Créer son école estime à 27 le nombre des nouveaux collèges et à 5 le nombre des nouveaux lycées quand l'Education nationale comptait déjà 389 collèges hors contrat, 182 LGT (lycées généraux et technologiques) et 174 lycées professionnels. A noter que 49 % des créations sont en milieu rural, sans-doute du fait de l'installation, post-Covid, de nombreux citadins dans de très petites communes. A noter également que 28 de ces créations revendiquent "un ancrage fort à la nature".
Anne Coffinier explique que le nombre des créations (108) est très inférieur à celui de l'année dernière (172) du fait d'un certain nombre de freins, mais aussi parce que les familles qui ne pouvaient plus instruire elles-mêmes leurs enfants ont déjà créé leur école. Les projets se revendiquant de la pédagogie Montessori peinent à recruter des éducateurs formés. Ceux qui ont une identité religieuse, notamment musulmane, se heurtent à l'hostilité de l'administration. Or celle-ci peut refuser l'ouverture d'une école à la veille de sa rentrée. Les incertitudes créées sous la précédente mandature sont d'ailleurs de nature à décourager des porteurs de projets. Une école peut être fermée par décision administrative immédiatement, et le temps qu'un tribunal se prononce sur le bien-fondé de la mesure, ses élèves et ses enseignants sont partis ailleurs. Des zones d'ombre peuvent provoquer des incompréhensions. Par exemple des enfants instruits en famille peuvent passer quelques temps dans une école hors contrat pour rencontrer d'autres enfants dans le cadre d'un "contrat de socialisation", mais un inspecteur peut ne pas comprendre leur présence dans l'école et imputer à l'établissement les carences qu'il constate dans leur instruction. Autre frein : les écoles hors contrat accueillent souvent des enfants qui n'ont pas leur place dans le système public, du fait d'un handicap, mais ils perdent alors leur droit au financement de l'accompagnement par un.e AESH (accompagnant d'enfants en situation de handicap). S'ajoutent à toutes ces difficultés les effets de l'inflation. L'année dernière, de leur propre initiative ou contraintes par voie administrative ou judiciaire, 66 écoles ont dû fermer.
Malgré ces difficultés, Anne Coffinier constate une évolution importante de l'opinion publique. L'école hors-contrat s'inscrit maintenant dans le paysage de nos concitoyens qui peuvent l'envisager raisonnablement comme une solution pour leurs enfants. L'évolution est encore plus nette à l'étranger.
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